Portrait: Hélène Valade, Directrice Développement Environnement chez LVMH

Par Laurent F.
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Hélène Valade

Celle qui dirige la politique RSE du groupe LVMH (213 000 collaborateurs dans le monde et plus de 70 marques) fait partie des professionnels très largement reconnus. Un parcours inspirant. Et impressionnant.

La carrière d’Hélène Valade commence apparemment loin des enjeux durables. Diplômée de Sciences Po Paris, elle débute à l’IFOP avant de partir chez TNS Sofres dont elle dirige le Pôle Opinion. Jusqu’à ce que -il y a tout juste vingt ans- le Groupe Suez l’appelle pour créer son département Développement durable. C’est à partir de là que les enjeux RSE prennent toutes leurs places dans son quotidien. Co-fondatrice du Collège des Directeurs du développement durable (C3D) en 2007, elle en est la Présidente jusqu’en 2016. Puis, en 2020, LVMH convainc celle qui, deux ans plus tôt, a été élue Présidente de l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (ORSE). Le groupe de luxe la nomme Directrice Développement Environnement. A noter qu’Hélène Valade est toujours Présidente de l’ORSE. Et est aussi administratrice de l’Ademe. 

Life 360: la boussole durable de LVMH

A son arrivée chez le leader mondial de l’industrie du luxe Hélène Valade avoue aller de découverte en découverte. Et se met aussitôt à la tâche, qui s’avère… immense! «Je ne connaissais pas particulièrement l’univers du luxe. Je me suis donc d’abord attachée à comprendre les enjeux propres aux différents secteurs de LVMH, à découvrir la richesse de ce qui avait été déjà réalisé, avant de proposer un nouveau cadre d’action.», confie-t-elle au site ID-L’Info durable. Celui-ci passe par l’ambitieux programme Life 360, la «nouvelle boussole environnementale du Groupe».

Pas facile, surtout lorsqu’il s’agit de travailler à la durabilité d’un secteur jugé parmi les plus polluants. «L’industrie du textile n’a effectivement pas bonne presse puisqu’elle est très émettrice de CO2. Or, le textile dans sa globalité n’est pas le luxe: si l’on prend l’exemple de l’empreinte carbone de LVMH et de ses 4,8 millions de tonnes d’émissions annuelles, cela représente seulement 0,5% de l’empreinte totale de l’industrie mondiale du textile.», relativise-t-elle. Tout en rappelant que «le modèle initial du luxe est bel et bien celui de la durabilité: nous fabriquons des produits qui se transmettent de génération en génération 

«Il faut interroger nos habitudes: si l’on faisait différemment, quel serait l’impact?»

Hélène Valade, Directrice Développement Environnement chez LVMH (sur ID-L’info durable). 

LVMH

L’économie circulaire au cœur des enjeux

Depuis son arrivée dans l’empire de Bernard Arnault, l’économie circulaire -en même temps que la biodiversité- fait partie des deux principaux piliers de la RSE du Groupe. «Nous considérons qu’en tant que leader de notre secteur, nous devons être exemplaires. Le programme Life 360 a fixé un objectif de réduction de 50% des émissions de CO2 des scopes 1 et 2 d’ici 2026, et de 55% des émissions de CO2 du scope 3 d’ici 2030.» Parmi les chantiers entrepris, la réduction de la consommation énergétique et l’augmentation de la part des énergies renouvelables. «Pour le scope 3, nous cherchons à limiter l’empreinte des matières premières en mettant notamment en place des solutions de recyclage, de la circularité, la recherche de matériaux alternatifs… Le transport est également l’un de nos leviers d’action: utiliser moins d’aérien et plus de maritime. Il faut interroger nos habitudes: si l’on faisait différemment, quel serait l’impact?» Et, justement, pour la Directrice RSE la «circularité créative » est l’autre des principaux piliers de Life 360. 

Des produits à 100% dépendants de la nature

La biodiversité, aussi, compte parmi les gros enjeux inscrits dans la politique RSE du Groupe. Pour Hélène Valade, «tous nos produits sont dépendants de la nature. Il n’y a pas de champagne sans raisin, pas de vêtements sans coton ou soie, pas de parfums et cosmétiques sans espèces végétales…» L’objectif, alors? «Favoriser l’alliance de la créativité et de la nature, sans que l’une ne domine l’autre. Et pour cela, nous n’entendons pas seulement limiter nos impacts, mais plutôt régénérer la biodiversité, rendre à la nature ce que nous lui empruntons.» L’ambition: réhabiliter 5 millions d’hectares d’habitat de faune et de flore d’ici à 2030.

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