François Gemenne – GIEC:  » Le transport c’est une grosse source d’émissions. »

Par Yann Azran
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Sur le salon Drive To Zéro, nous avons reçu sur notre plateau, François Gemenne membre du GIEC et fondateur de l’alliance pour la décarbonation de la route. Il est intervenu sur le sujet de la décarbonation des espaces routiers, et de l’importance du GIEC dans cette initiative.

Brève présentation du GIEC

Le GIEC, c’est simplement un panel d’environ 2000 scientifiques de tous les pays, qui sont chargés par l’ONU de faire l’état de nos connaissances sur le changement climatique à intervalle régulier. Et donc on sait de plus en plus de choses sur le changement climatique, ça fait des rapports de plus en plus gros, mais ce sont des rapports qui doivent servir de base aux décideurs, aux négociations internationales pour pouvoir créer des solutions. C’est très important, si on veut discuter des solutions, qu’on puisse s’appuyer sur une base scientifique commune, sur les mêmes chiffres, et puis après, on peut discuter et comparer les solutions entre elles.

L’alliance pour la décarbonation de la route

Pour commencer, le transport c’est une grosse source d’émissions. C’est 15% au niveau mondial, 21% au niveau européen et c’est un tiers des émissions françaises. Et dans les émissions de transport, l’essentiel ce sont des émissions liées au transport routier, que ce soit le transport des passagers ou le transport du fret. Le problème c’est que c’est un secteur qui globalement parvient peu à réduire ses émissions et que les usages augmentent sans cesse,  il y a donc deux solutions qui existent.

Soit nous allons restreindre et contraindre de plus en plus la mobilité. Soit nous allons la décarboner. Et très souvent, on a été dans la logique de restreindre, de limiter la mobilité, ce qui pose évidemment des questions sociales, politiques et économiques, très lourdes. Et donc l’angle que nous avons choisi avec l’alliance pour la décarbonation de la route, c’est d’essayer de décarboner les mobilités, de voir comment on pouvait approcher le problème par l’angle des solutions et mettre en œuvre des solutions concrètes : des solutions techniques, technologiques, d’usage, politiques, d’aménagement, qui permettent concrètement de faire baisser les émissions de la route, que ce soit les émissions des voitures,  des camions ou des véhicules utilitaires, mais également que ce soit par des modes de mobilité douces, par le vélo notamment.

Sans pour autant baisser, les besoins de déplacement. On se rend bien compte que, par exemple, le covoiturage fait baisser effectivement le nombre de véhicules sur la route, et c’est très important, mais par contre, continue à répondre aux besoins de mobilité.

Les disparités entre les zones urbaines – périurbaines et rurales, en France et à l’international

Il y a des grandes disparités sur le territoire, avec parfois le sentiment que les solutions de mobilité sont conçus par des urbains pour des urbains et négligent ceux qui sont dans des zones moins bien équipées, en banque de recharge électrique, ou en transport public et qui sont contraints d’utiliser leurs véhicules pour leurs besoins quotidiens et professionnels. Le débat est assez différent aussi dans les différents pays européens. Bien entendu les routes ne s’arrêtent pas aux frontières de la France, singulièrement les autoroutes. Et donc c’est pour ça qu’il faut aussi porter cette question de la décarbonation au niveau européen. C’est pour ça qu’on a des partenaires qui ont aussi une approche européenne, qu’on a la Fédération Internationale des Routes.

On sera présent à Istanbul en octobre au congrès international de la Fédération Internationale des Routes. L’idée c’est de voir comment on peut aussi déployer ces solutions à plus grande échelle.

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