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Hugo Meunier

Hugo Meunier: «Aujourd’hui la planification urbaine est écologique.»

par Laurent F.

Végétaliser nos villes, nos collectivités et nos entreprises, développer l’agriculture urbaine, reconnecter les citadins au vivant, telles sont les principales missions de Merci Raymond, une jeune entreprise basée à Paris, Marseille et Bordeaux. Son fondateur Hugo Meunier nous en dit plus. 

Racontez-nous l’histoire de Merci Raymond… 

Hugo Meunier: «J’ai créé Merci Raymond en 2015, et c’est rapidement devenu une aventure collective puisque j’ai vite été rejoint par mes associés Antoine Baume, Guillaume Hadjigeorgi et Mathilde Schiettecatte. Nous intervenons sur tous les sujets qui concernent la nature en ville. L’objectif étant de reconnecter les citadins au vivant et de remettre le végétal dans la ville. Aujourd’hui, nous avons des bureaux à Paris, Marseille et Bordeaux, près de 40 salariés, plus de 1 500 réalisations à notre actif, et environ 150 000 végétaux plantés. Nous travaillons avec les architectes, les bailleurs, les foncières, mais aussi avec les villes et les entreprises. Bref, avec tous les acteurs qui réfléchissent à ces questions.»

Vous vous organisez autour de plusieurs grands pôles. Quels sont-ils ? 

Hugo Meunier: «Notre intervention va de la conception jusqu’à l’installation. Parce qu’avoir un beau jardin est une chose mais qu’il faut aussi le faire vivre nous avons également la partie entretien. Ainsi, nous gérons de nombreux sites. Nous nous occupons aussi de design végétal, c’est-à-dire de la végétalisation intérieure (bureaux, hôtels, restaurants, et tout autre lieu de vie). Notre pôle Paysage, quant à lui, se consacre aux espaces extérieurs. Autre métier encore, l’agriculture urbaine. Nombreux sont ceux qui ont cru qu’on pourrait rapidement s’auto-alimenter grâce à cette solution. Sauf qu’aujourd’hui, au regard de la densification des villes, le foncier n’est pas suffisant. Nous l’abordons donc plutôt en milieu péri-urbain. Enfin, notre dernier pôle est l’expérientiel

C’est-à-dire?

Hugo Meunier: «Pour se reconnecter à la nature, deux possibilités: soit vous la faites venir à vous, soit vous allez jusqu’à elle. Dans ce cas, vous allez vivre une expérience nature avec des experts. Ce peut-être des écologues, des botanistes etc… Nous avons créé cette branche un peu expérimentale pour pouvoir proposer ce type d’expériences.»

 

Parmi vos réalisations, quelles sont celles qui vous paraissent les plus emblématiques?

Hugo Meunier: «Je pourrais vous citer, entre autres, la végétalisation des espaces de coworking Wojo, et la création du 1ercube végétal dédié à la déconnexion naturelle à Station F. La végétalisation de 3 000 m2 de toits productifs au siège de Metal 57-BNP Paribas, ou encore la réhabilitation et la conception paysagère d’un des plus anciens bâtiments de La Défense en bâtiment fertile: 42 000 m2, des patios à la toiture. De nombreuses grandes entreprises nous ont fait rapidement confiance, et c’est une chance pour nous. Mais la nature en ville n’est pas l’apanage de ceux qui ont les moyens de se l’offrir. Elle doit être accessible à tous. Donc, très vite, nous avons voulu nous challenger en travaillant sur des projets en banlieues. Je pense notamment à la Green Borne à Grigny (Essonne). Nous avons aussi remporté des appels d’offre publics comme «Réinventer Paris 2», «Parisculteurs», «Houblon saison 2».»

Comment travaillez-vous avec les collectivités ?

Hugo Meunier: «Nous travaillons beaucoup avec les aménageurs, qui ont généralement une vision très globale. Je pense à Grand Paris Aménagement ou encore à l’Euroméditerranée à Marseille. En fait, Merci Raymond vient en complément des services techniques des espaces verts. Avec parfois de nouvelles pratiques plus écologiques comme le fait d’utiliser moins d’eau ou de choisir des végétaux plus résilients. Nous essayons autant que possible de nous fournir chez des pépiniéristes locaux. Ainsi, ces végétaux auront grandi dans le climat dans lequel ils devront vivre, ce qui optimisera leur adaptation aux saisons.»

Pairs, La Défense @Merci Raymond

Selon vos observations, quelle place tient aujourd’hui la végétalisation dans nos villes?

Hugo Meunier: «Il y a encore huit ans il fallait les convaincre de la nécessité d’établir des projets en lien avec le vivant. La question qui revenait beaucoup était celle de l’entretien: qui l’assurera? Jusqu’en 2020 où la donne a changé au regard des nouvelles préoccupations des citadins (que le Covid est sans doute venu accélérer). Une chose est sûre: aujourd’hui la planification urbaine est écologique et la nature en fait partie! Elle est clairement impulsée par la commande publique. De façon générale, tout nouveau projet immobilier intègre désormais la dimension végétale. Et il s’agit maintenant de trouver des espaces disponibles, c’est-à-dire de se réapproprier des espaces qui ont longtemps été mis de côté. Je pense tout particulièrement aux friches. Il y a dix ans, on aurait construit un nouveau bâtiment. Aujourd’hui, on installera plutôt un jardin partagé. Reste tout de même le problème des financements. Peu de villes ont l’argent pour le faire. D’ailleurs, beaucoup d’erreurs ont été commises à cause de cela. Par exemple, de nombreux parcs ou surfaces végétales ont été dallées pour ne plus avoir à les entretenir.»

Pour conclure, quels sont vos prochains chantiers ? 

Hugo Meunier: «Parmi nos nombreux projets, nous en avons un très beau à Euroméditerranée, sur un bâtiment des anciens docks de Marseille. Un autre avec un acteur de l’immobilier, Woodeum, qui construit en bois et en bas carbone: il s’agira d’une forêt intérieure. Et nous travaillons sur une ferme de fleurs dans le 5ème arrondissement de Paris, à l’Institut National des Jeunes sourds. Nous y lançons une production locale de tulipes.»

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