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Emmanuel Macron plan eau

Le gouvernement lance son Plan Eau

par Laurent F.

Emmanuel Macron a dévoilé ce 30 mars les principales mesures de son Plan Eau qui en appelle notamment à la sobriété. Voici les principales annonces.

C’est dans les Hautes-Alpes, au bord du lac de Serre-Ponçon (le plus grand réservoir d’eau douce d’Europe de l’Ouest), qu’Emmanuel Macron a déroulé ce jeudi 30 mars une cinquantaine de mesures formant aujourd’hui son (très attendu) Plan Eau. Des mesures censées répondre aux sécheresses inédites vécues cet hiver et qui laissent craindre -selon le Chef de l’Etat lui-même- «des situations de grand stress l’été prochain.» Rappelons en effet que tous les records ont été battus cette année, avec trente-deux jours successifs sans pluie hivernale, et des nappes phréatiques à 80% en dessous des normales saisonnières au 1er mars. «Les études scientifiques montrent que le changement climatique pourrait nous priver de 30% à 40% de l’eau disponible dans notre pays. Tous les secteurs devront donc être mobilisés et adapter des pratiques plus économes», a-t-il immédiatement prévenu. 

Une nouvelle tarification pour favoriser la sobriété

Parmi les mesures phares annoncées par le Président de la République, figure l’application d’une tarification progressive de l’eau. «L’eau est un bien commun, donc il faut une tarification responsabilisante pour garantir à tous un accès. En concertation avec les élus, nous souhaitons qu’elle soit progressive.» Concrètement, les premiers mètres cubes devraient être facturés à un prix proche du prix coûtant, avant que leur tarif n’augmente en fonction de nos consommations. Des compteurs intelligents pourraient également être installés d’ici dix ans, en commençant par les plus gros consommateurs. De même, un «EcoWatt de l’eau» sera prochainement lancé. Il fonctionnera sur le même modèle que celui désormais bien connu qui concerne nos consommations électriques.

180 millions d’euros pour en finir avec les fuites 

Tandis qu’une enveloppe de 35 millions d’euros supplémentaires par an sera allouée aux départements et aux régions d’Outre-mer pour la gestion de l’eau, l’exécutif compte bien «en finir» avec l’immense gaspillage causé par les fuites. «Actuellement, environ un litre d’eau potable sur cinq part dans les fuites. C’est une situation aberrante qu’on doit corriger en urgence.» 180 millions d’euros seront ainsi consacrés à leur réparation dans les 170 communes identifiées comme «points noirs». Les 2 000 autres communes s’étant retrouvées proches d’une situation de rupture l’été dernier seront aussi prioritairement concernées. 

«Je crois en notre agriculture, mais il est évident qu’il y aura des territoires qu’il faudra amener vers d’autres types de culture»

Emmanuel Macron, 30 mars 2023

Industrie, Agriculture… Tous les secteurs mobilisés

Toujours dans l’optique d’une plus grande sobriété, des programmes seront mis en place par l’Etat. Tous les secteurs seront concernés, et tout particulièrement l’industrie. «Les ministres de la Transition écologique et de l’Industrie organiseront une réunion des cinquante sites industriels qui ont le plus grand potentiel de baisse de consommation d’eau pour travailler avec eux sur un plan d’investissement.» Même chose du côté des centrales nucléaires qu’Emmanuel Macron voudrait voir «fonctionner beaucoup plus en circuit fermé.» 

Quant à l’agriculture (premier secteur de consommation d’eau, avec plus de 2 milliards de m³ essentiellement en été, donc quand l’eau se fait la plus rare), le Chef de l’Etat compte intégrer «un diagnostic eau, sols et adaptation (…) aux aides à l’installation pour tout nouveau jeune agriculteur, dans le cadre du pacte de renouvellement des générations agricoles.» Objectif : permettre aux agriculteurs s’installant en 2023 «de s’adapter au climat de 2050». Pour les y aider, 30 millions d’euros supplémentaires leur seront alloués. «Je crois en notre agriculture, mais il est évident qu’il y aura des territoires qu’il faudra amener vers d’autres types de culture», a -t-il précisé. Et, tandis que le stockage de l’eau constitue plus que jamais un enjeu, Emmanuel Macron en a aussi appelé à un meilleur partage des futures bassines, en les conditionnant à des économies d’eau et de pesticides. 

Eaux usées: 1 000 projets en 5 ans

Enfin, la question de la réutilisation des eaux usées a elle aussi été largement soulevée. Si elle représente aujourd’hui moins de 1% des volumes en France (contre 14% en Espagne et 85% en Israël) le Président a fixé l’objectif des 10% à l’horizon 2030, grâce à l’élaboration de «1 000 projets en cinq ans». Ce qui représentera selon lui «300 millions de mètres cubes, soit trois piscines olympiques par commune.» Seront prioritaires les zones littorales et celles où la situation est la plus tendue, a-t-il précisé. Tout en s’engageant à un changement de législation pour assurer la «levée des verrous administratifs».

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