Économie circulaire : L’AFNOR lance trois nouvelles normes internationales

Par Laurent F.
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Economie circulaire: L’AFNOR lance trois nouvelles normes internationales

Plus de cent pays et dix-neuf organisations internationales ont travaillé à l’élaboration de nouvelles normes AFNOR relatives à l’économie circulaire. Parmi elles, plusieurs grands groupes français ont partagé leurs expériences.

Rappelons que depuis près de cent ans l’AFNOR et ses filiales conçoivent des solutions «fondées sur les normes volontaires, sources de progrès et de confiance», ceci dans de nombreux secteurs. A la fin juin, l’association a annoncé la création de trois nouvelles normes internationales relatives à l’économie circulaire. Toutes ont été «approuvées par les professionnels de 100 pays contributeurs et 19 organisations internationales», et ont été rédigées à l’initiative d’entreprises françaises qui ont souhaité fournir là des  méthodologies et une sort de guide des bonnes pratiques.

Ou comment connecter l’ensemble des chaînes de valeur

Pour l’AFNOR, «c’est devenu une évidence : il faut circulariser les modèles économiques et mettre fin à une économie linéaire prédatrice et climaticide.» D’où la récente création des normes ISO 59004 (principes et terminologie), ISO 59010 (transition des modèles d’affaires) et ISO 59020 (mesure de la performance en circularité). Parmi les groupes qui ont participé à leur création, citons notamment EDF, BIC ou encore Michelin.

Roger Ebengou, directeur Environnement et Economie circulaire pour l’Europe au sein du groupe Michelin a participé à la rédaction de l’ISO 59004. Il explique son objectif: «On parle de déchets, de fin de vie ou encore de taux de recyclage, mais tout le monde ne met pas la même chose derrière ces formules. Et, si on ne parle pas le même langage, on n’aura jamais d’indicateurs à partager. Or, l’économie circulaire repose par nature sur notre capacité à travailler avec d’autres chaînes de valeur, à la manière d’un écosystème. Définir les termes permet de définir les modèles d’affaires.»

«Nous avons réussi à rester proches de la conception de l’économie circulaire telle que portée par l’Ademe, très pratico-pratique, que nous avons portée encore plus loin en intégrant le principe de régénération des écosystèmes»

Anne-Sophie Coince, ingénieure de recherche pour EDF

EDF travaille à la valorisation énergétique

Anne-Sophie Coince, ingénieure de recherche pour EDF, le confirme: «Nous avons inscrit dans les textes le principe de partage de la création de valeur. (…) Certains experts voulaient que la valorisation énergétique sorte du périmètre de l’économie circulaire, mais il était important de l’intégrer, notamment pour les pays qui entreposent des déchets à ciel ouvert: pour eux, les brûler et récupérer la chaleur générée constitue déjà un grand pas.» A ses yeux, la nouvelle norme NF ISO 59004 a su garder l’esprit de la toute première norme expérimentale sur l’économie circulaire (XP X30-901) qui date d’octobre 2018. «Nous avons réussi à rester proches de la conception de l’économie circulaire telle que portée par l’Ademe, très pratico-pratique, que nous avons portée encore plus loin en intégrant le principe de régénération des écosystèmes», se réjouit-elle.

Des briquets recyclés chez Bic

Quant à Frédéric Poeydemenge, Directeur normalisation pour l’activité briquets au sein du groupe BIC, il explique le travail déjà effectué par son groupe en matière de circularité: «Nous avons mis en place un système pilote grandeur nature de collecte de briquets au plus près des consommateurs, testant ainsi la première étape d’économie circulaire. Ce projet a nécessité un important travail d’organisation logistique. Une fois collectés, nos briquets suivent différents parcours: leurs composants peuvent servir à refabriquer de nouveaux briquets, les matériaux peuvent être recyclés. A terme, ceux en meilleur état pourront être reconditionnés pour une nouvelle vie.»

Un nouveau bouclier contre le greenwashing

En résumé, l’Afnor veut voir en ces trois nouvelles normes  «un mode d’emploi pour aider à appliquer un certain nombre d’exigences réglementaires, hexagonales ou européennes, et inspirer des mesures futures.» Ainsi, ces normes, bien qu’elles soient volontaires, offrent également «des clefs aux consommateurs pour faire des achats plus responsables, en objectivant les allégations des producteurs». Elles visent donc à ne pas tomber dans les pièges du greenwashing !

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