Face à la multiplication des fraudes, la Ministre déléguée à l’énergie Olga Givernet annonçait récemment la suspension de l’aide à l’installation des thermostats connectés. Après les escroqueries aux DPE et autres CEE, une question s’impose: ne serait-il pas grand temps de mieux réguler les différents dispositifs plutôt que de devoir en venir un jour à les supprimer?
On connaissait les escroqueries aux rénovations thermiques. Vint ensuite celles liées aux DPE , quand les bilans énergétiques sont falsifiés en un claquement de doigts. Puis celles liées aux CEE. Voici venu le temps des arnaques aux thermostats connectés. Rappelons qu’un décret publié en juin 2023 a rendu obligatoire leur installation à compter du 1ᵉʳ janvier 2027. Pour accompagner les Français, l’Etat avait mis en place une aide financière. Que l’on soit propriétaire ou locataire, et quel que soit le niveau de revenus, le dispositif «Coup de pouce pilotage connecté du chauffage pièce par pièce» permettait une prise en charge allant de 265 € pour les surfaces de moins de 35 m2 jusqu’à 624 € pour plus de 130 m2. Parmi les quelques conditions, ces installations devaient impérativement être effectuées par un professionnel agréé. Seulement voilà…
Des fraudes massives et des centaines de victimes
Certains «professionnels», attirés par l’appât du gain facile, se sont une nouvelle fois jetés sur l’occasion pour s’inventer une certification qu’ils n’ont pas avant de se lancer dans un porte-à-porte fructueux, parfois précédé de courriers ou d’affichages dans les hall d’immeubles. L’idée? Convaincre les résidents de l’obligation immédiate de l’installation de ces thermostats connectés. Et même, parfois, leur laisser penser (lorsqu’il s’agit de logements sociaux) que leur démarche répond à la demande express de leur bailleur social… qui n’est évidemment pas au courant!
Pourquoi tous ces mensonges? Pour installer des appareils de mauvaise qualité, inadaptés aux systèmes de chauffage, voire totalement défectueux, et repartir ni vu ni connu avant d’empocher leur quote-part. Bref, l’arnaque gagnait tant d’importance ces temps-ci que le gouvernement se devait d’agir. Un arrêté du 18 novembre 2024 a donc signé la fin immédiate d’«une partie» du dispositif. Une décision qui ne devrait être que provisoire, si l’on en croit la ministre déléguée à l’Énergie Olga Givernet pour qui cette mise en pause serait de mise «le temps que la situation soit clarifiée.»
Quand les escrocs gagnent à tous les coups, il est temps de tout revoir!
« Il est devenu évident que des pratiques frauduleuses existent et qu’elles mettent en péril l’efficacité du dispositif », expliquait Olga Givernet ce 18 novembre. Tout en annonçant en parallèle le maintien du dispositif de certificats d’économie d’énergie (CEE) pourtant largement critiqué par la Cour des Comptes qui dénonçait récemment dans un rapport les très nombreuses escroqueries. Mais, sur ce point, la Ministre a tenu à rassurer: un travail avec la filière a été lancé «afin de renforcer les contrôles pour le bénéfice des ménages et des entreprises.»
De fait, les différentes aides à la transition écologique semblent aujourd’hui profiter davantage aux escrocs qu’aux acteurs du secteur les plus sérieux. Sans parler des citoyens et des entreprises qui devraient pourtant être les réels bénéficiaires. Pourtant soumis à des chartes et à des obligations, de toute évidence ces dispositifs n’empêchent en rien les (multiples) dérives. Aussi, la multiplication des contrôles ne suffit pas: c’est tout le système de régulation qui semble être aujourd’hui à revoir. De A à Z. Et très vite!