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Sécheresse, pénuries d’eau: Que pensent vraiment les Français?

par Laurent F.

Une sécheresse d’ampleur inédite en 2022, un hiver 2023 qui laisse déjà planer les plus vives inquiétudes si bien que des mesures de restrictions ont déjà été prises sur l’immense majorité des territoires… Pour connaître la position de nos concitoyens sur le sujet, (et alors que du 22 au 24 mars se tiendra la Conférence des Nations Unies sur l’eau à New York), le Centre d’Information sur l’eau a récemment publié une nouvelle édition de son baromètre annuel.

 

Un baromètre réalisé dans un contexte très particulier

 

Voilà déjà vingt-sept ans que, chaque année, le Centre d’Information sur l’Eau (CIEAU) dresse l’évolution de l’opinion des Français à l’égard de l’eau et de ses services associés. Une étude qui permet de mieux comprendre leurs attentes, leurs perceptions, mais aussi d’alimenter les réflexions sur la gestion de l’eau. Et de mieux informer grand public, médias, enseignants, acteurs de l’eau, collectivités et institutions.

 

Réalisée par l’institut Kandar sur un échantillon de 3 467 personnes résidant dans l’ensemble des départements français, l’édition 2022 s’est révélée très particulière en ce sens où l’année fut marquée par des épisodes caniculaires et une sécheresse sans précédent. La totalité des départements ont été touchés par les restrictions, des dizaines de communes ayant même procédé à des suspensions ponctuelles de distribution. C’est pourquoi, après une première vague d’enquête menée entre la fin mai et la fin juin 2022 (avant les différents pics de canicule, donc), une seconde étude a été ajoutée, réalisée cette fois en octobre. Son objet : mieux cerner les attentes, les craintes, mais aussi les convictions et intentions des Français face à ces nouvelles problématiques.

 

Changer nos habitudes, une obligation pour les 3/4 des Français

 

Pour le CIEAU, les résultats le montrent clairement: «la sensibilité environnementale des Français semble plus aiguisée, notamment sur l’attention qu’ils portent à la ressource en eau ou sur leur acceptation d’une nécessité de changer leurs habitudes.» De fait, si près de 9 personnes sur 10 (88%) se disent satisfaits du service fourni par leur territoire, les Français se montrent de plus en plus convaincus qu’ils manqueront d’eau prochainement (69% contre 64% en 2021). Une progression spectaculaire quand on sait que, lors du premier baromètre réalisé en 1996, seulement 32% exprimaient cette crainte. La sécheresse de 2022 est donc venue amplifier ce sentiment, portant même à 92% le nombre de ceux qui affirment porter désormais attention à leur propre consommation.

 

Quelles solutions ?

 

79% des personnes interrogées l’admettent: à nous maintenant de modifier nos habitudes! Mais cela s’avérera-t-il suffisant ? Pas sûr. Aussi, 66% seraient favorables à une réglementation. Et quasiment autant (67%) se disent prêts à investir dans des technologies si celles-ci peuvent permettre de conserver notre confort d’usage. 76% d’entre elles espèrent, par exemple, le développement d’un compteur d’eau «intelligent» qui pourrait les alerter en cas de dépassement d’un certain seuil de consommation. Parmi les autres solutions possibles, la réutilisation des eaux usées traitées est aussi plébiscitée: 80% se disent prêts à consommer des fruits et légumes arrosés par ce biais. 

 

De la question du prix… qui grimpe !

 

S’ils continuent massivement à privilégier l’eau du robinet plutôt que celle en bouteille, la question de son prix fait largement débat: 59% la jugent « plutôt chère ». Et 89% avouent leur pessimisme sur la question: chère, elle le sera encore davantage dans les prochaines années. En 2021, ils étaient «seulement» 81% à le penser. Une anticipation qu’ils expliquent par l’inflation bien sûr, mais aussi par l’augmentation du prix des traitements consécutifs à la pollution des ressources. Résignés, près de 60% se disent tout de même prêts à payer plus. Du moins sous certaines conditions: à 65% si c’est pour préserver ces ressources, à 62% si cela permet d’aider à la sauvegarde de la biodiversité, ou encore à 61% si cette augmentation garantit le financement de la réutilisation des eaux usées traitées. 74% voient d’ailleurs là une très sérieuse solution d’avenir.

 

À chacun d’agir

 

Pas utopiques pour autant, 69% restent hélas convaincus que ces ressources continueront malgré tout à se dégrader. Cependant (et c’est une bonne nouvelle !), 82% estiment avoir un rôle à jouer pour l’éviter au maximum. Autre satisfecit pour les différents acteurs ainsi que pour les collectivités territoriales : 54% des Français s’estiment bien informés sur tous ces sujets. Il y a vingt-sept ans, ils étaient… 19%.

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