Porté par le Plan national qui permet le versement d’une prime de 100 euros (voire de 200), le covoiturage du quotidien est aujourd’hui en pleine explosion. Une bonne nouvelle pour la planète. Mais pas seulement pour elle…
Un peu plus de quatre mois après le lancement de son plan national «Covoiturage du quotidien» (2023-2027), le gouvernement vient d’en dresser un premier bilan. Rappelons que ce plan (qui fixe l’objectif de 3 millions de trajets effectués chaque jour en covoiturage) propose depuis le 1er janvier dernier, le versement d’une prime de 100 euros aux conducteurs se lançant pour la première fois dans le covoiturage courte distance. Pour être éligibles, ceux-ci doivent effectuer au minimum dix trajets partagés dans les trois mois. De plus, une autre prime (cumulable et de montant équivalent) peut être versée à ceux qui covoiturent pour la première fois, à condition qu’ils réalisent trois trajets longue distance.
3 à 4 fois plus de trajets en covoiturage qu’en 2022
Le dispositif a-t-il porté ses (premiers) fruits? Si l’on en croit la Ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher ainsi que les différentes plateformes de covoiturage, la réponse ne fait aucun doute: c’est oui, trois fois oui! Le «covoiturage du quotidien» aurait convaincu des dizaines de milliers de voyageurs depuis janvier. Pour preuve, pour le seul mois de mars, les plateformes ont recensé plus d’un million de trajets de moins de 80 km. Soit deux fois plus que l’année précédente. Selon les chiffres communiqué par le ministère, 80 000 nouveaux utilisateurs se seraient inscrits depuis décembre pour un covoiturage domicile-travail. Et plus de 29 000 ont déjà touché l’ensemble de la prime de 100 euros (versée en deux fois).
Un succès évidemment porté par le contexte économique social, tout particulièrement depuis les grèves des raffineries, les pénuries d’essence, et les prix particulièrement élevés des carburants. Les différents opérateurs en témoignent tous. Comme BlablaCar qui, à l’automne, annonçait une augmentation de 30% des demandes sur les courts trajets. Quant à Karos, le 10 octobre (alors que les grèves battaient leur plein) sa plateforme enregistrait 44% de nouveaux utilisateurs!
Bon pour la planète… et pour le portefeuille!
Depuis, le succès ne se dément pas. De manière générale, c’est trois à quatre fois plus d’inscrits qu’à la fin de 2022 que comptent désormais ces opérateurs. Au delà des incontestables bénéfices pour la planète (à terme, 4,5 millions de tonnes de CO2 pourraient être ainsi évités), ce sont ceux pour le portefeuille auxquels pensent bien sûr les usagers. «Les gens se rendent rapidement compte qu’ils peuvent faire 100 euros d’économie par mois», nous confirme-t-on chez les différents acteurs du secteur. D’autant que les aides locales viennent bien souvent s’ajouter, le plan covoiturage permettant à l’État de donner un euro quand les collectivités en donnent un autre.
Un fonds vert pour subventionner les collectivités locales
Résultat: dans de nombreux territoires, le covoiturage ne coûte quasiment plus rien aux utilisateurs. Au final, trois grands gagnants, donc: la planète un peu, l’usager beaucoup, et les plateformes privées qui profitent à plein des modalités du plan national quand les collectivités locales (qui multiplient les dispositifs, un peu partout en France) doivent surtout penser à la dépense.
Justement, à leur intention, l’Etat a mis en place un fonds vert destiné à cofinancer leurs projets d’infrastructures et soutenir leurs campagnes d’animation et d’incitation financière à destination de leurs habitants. D‘une enveloppe totale de 2 millions d’euros, il propose (dans la limite des crédits disponibles) de couvrir jusqu’à 80% des dépenses. Ouvert jusqu’à la fin décembre 2023, ce fond aurait déjà enregistré le dépôt de dossiers venus d’une vingtaine de collectivités.