VE : Le déferlante chinoise !

Par Laurent F.
Publié: Mis à jour: 5 minutes de lecture
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Si ces dernières décennies la Chine semble s’être peu intéressée à nos thermiques, l’arrivée de l’électrique a considérablement changé la donne, et c’est même une véritable offensive que le pays mène depuis plusieurs années. L’avenir du VE sera-t-il chinois ?

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le premier marché automobile du monde (loin devant les Etats-Unis et le Japon) n’aura pas marqué de son empreinte l’ère du thermique. Mais du passé faisons table rase ! Car c’est un fait : rien ne semble aujourd’hui pouvoir arrêter l’offensive chinoise. Saviez-vous, par exemple, que SAIC Motor fait partie des plus gros constructeurs au monde, devant Geely (son concurrent chinois, propriétaire de Volvo). Et que la firme de Shangaï ambitionnait à la fin 2020 de vendre en Europe plus de 100 000 véhicules sous ses propres marques à l’horizon 2025 ? Saviez-vous aussi qu’en 2019 la Chine abritait à elle seule quelques 50% du parc automobile électrique mondiale ? Un succès phénoménal, qui ne tient rien du hasard mais s’explique par plusieurs paramètres.

A commencer par la politique forte menée par l’Etat chinois qui, depuis plusieurs années, aide massivement au développement des VE. Outre d’importantes subventions à l’achat (qui peuvent couvrir jusqu’à 65% du prix du VE !), l’intérêt du pouvoir se veut surtout économique, comme l’explique sur son site internet le cabinet de conseil en management et en technologie BearingPoint  : « S’engager dans la voie des véhicules électriques est une opportunité de faire un saut technologique, comme le pays l’a déjà fait avec d’autres industries. Avec la chute des prix des batteries, les véhicules électriques deviendront compétitifs dans la plupart des pays à partir de 2025. Un décollement dans le marché de masse pourra suivre et on estime qu’en 2040, 54% des nouvelles ventes de voitures au niveau mondial seront électriques. Dans un tel cadre, l’investissement actuel serait rapidement rentable. »

Normal donc de voir les constructeurs chinois se préparer à ces échéances et travailler solidement à leur export. Première étape : racheter des marques européennes pour percer ensuite sur ce marché qu’ils ont longtemps mis de côté, en choisissant en priorité des noms qui parlent immédiatement aux locaux. Lotus, MG, Volvo, Pirelli, pour ne citer qu’eux, ça vous dit quelque chose ? Toutes ces sociétés sont désormais passés sous giron chinois ! Quant à Daimler, le constructeur a vu entrer Geely à son capital en 2018.

Un secteur à la pointe, et depuis longtemps !

En parallèle à cette forte politique financière, la Chine peut aussi s’enorgueillir de posséder depuis longtemps des entreprises ultra-compétitives qui, avant d’aborder l’ère des voitures connectées et des VE, ont su préparer le terrain. Ainsi, BYD (Build Your Dreams) fait figure de pionnière. Créée en 1995, elle s’est d’abord spécialisée dans la fabrication de batteries de portables avant de se diversifier, il y a bientôt vingt ans, dans l’automobile. Prévoyante, BYD a tout de même conservé une activité de fabrication de batteries lithium-ion. Bingo ! En 2008, l’entreprise a ainsi pu lancer son premier véhicule hybride, suivi d’un 100% électrique l’année suivante. Bien avant Tesla !…

Côté équipements, les start-ups tech ne sont pas non plus étrangères à la compétitivité chinoise, loin s’en faut ! Impossible de les citer toutes ; il s’en crée tous les jours ou presque qui concluent très vite des accords avec des constructeurs internationaux. Comme AutoX avec Fiat Chrysler, WeRide avec Renault-Nissan-Mitsubishi, ou encore Baidu et Geely qui ambitionnent de présenter bientôt à la clientèle chinoise des VE… sans chauffeur ! « Les amateurs de véhicules électriques exigent que ceux de la prochaine génération soient plus intelligents » expliquait il y a peu Robin Li, Directeur Général de Baidu, traduisant ici l’état d’esprit chinois : s’imposer au monde comme l’avenir incontournable du VE !

Des prix défiant toute concurrence !

Bien sûr, les plus optimistes rétorqueront que l’américain Tesla connait un succès retentissant sur le marché chinois, notamment avec sa Model Y. Mais c’est oublier là que le SUV est produit dans sa totalité dans l’usine chinoise de la firme. Et si Tesla truste effectivement la tête du marché premium du pays avec sa Model 3, le plus vendu des VE reste bel et bien 100 % local : la Wuling Hong Guang Mini EV. Un véhicule proposé à… 3 700 euros ! Son succès est si considérable que Wuling envisage sa commercialisation bien au delà des frontières. Quitte à donner des sueurs froides aux constructeurs européens ! Voire à ses propres concurrents, comme Aiways dont l’U5 vient d’être lancé en France. Un SUV au gabarit proche d’un Tesla Model Y, mais vendu… au prix d’un e- 2008 !

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