Le 2CV Mehari Club Cassis compte parmi les pionniers du rétrofit français. Son objectif: électrifier ces voitures mythiques qui touchent au Panthéon de l’histoire automobile. Zoom sur cette entreprise provençale qui fête cette année ses 40 ans.
Pouvez-vous nous résumer l’histoire du 2CV Mehari Club Cassis?
Stéphane Wimez: «Elle commence en 1982 grâce à trois frères bricoleurs qui démarrent leur activité près de l’agence Citroën de leur père, à Cassis. Leur créneau: rénover et personnaliser les Mehari. Ils lanceront par la suite leur propre catalogue de pièces détachées. Six ans plus tard, en 1988, Citroën arrête sa production de Mehari, et souhaite reconnaitre le travail de la petite entreprise en lui confiant ses outillages d’origine. Le même passage de relais aura lieu au début des années 2000 avec la 2CV. Plus tard, en 2013, Julien Wagner et moi avons repris l’entreprise. Et nous avons souhaité prendre un nouveau tournant: l’électrique. Tout en gardant, bien sûr, les activités historiques de reconstruction et de vente de pièces détachées! En parallèle, nous assurons donc maintenant la production des Mehari électriques Eden, et celle des nouveaux kits de rétrofit R-FIT.»
Qu’est-ce qui vous a décidé à passer au rétrofit dès 2017?
S.W.: «L’entreprise se veut pionnière dans le secteur du véhicule vintage. Or, le volet environnemental ne peut plus être négligé. Le rétrofit répond aux besoins d’aujourd’hui, tout en nous permettant de continuer à profiter de nos voitures «de cœur». On estime que le fait d’implanter un dispositif rétrofit est jusqu’à 63% moins polluant que la construction à neuf d’un V.E. Notre 2CV est le premier véhicule à avoir été homologué en France sur ce type de kits.»
«Notre solution est un vrai sujet de débat chez les «Deuchistes»!»
Stéphane Wimez, DG du 2CV Méhari Club Cassis
Aujourd’hui, comment parvenez-vous à convaincre tous ces passionnés de transformer leurs petits «bijoux»?
S.W.: «En effet, bien que suscitant l’intérêt dans la grande majorité des cas, notre solution n’en reste pas moins controversée. Elle est un vrai sujet de débat chez les «Deuchistes»! Loin de nous décourager, nous essayons de leur faire comprendre que nous ne cherchons pas à signer la mise à mort de la 2CV. Au contraire nous voulons lui donner une seconde jeunesse! Aux moins convaincus nous demandons simplement de faire un essai sur route. A leur retour, nous constatons systématiquement que l’expérience ne leur a pas tant déplu. Et pour cause, ils gardent une grande partie des sensations d’origine : suspensions, direction, freinage, assise restent identiques, tout en gagnant trois fois le couple de la 2CV thermique. La boite de vitesse d’origine est même conservée.»
Que représente aujourd’hui le marché des Mehari et des 2 CV en France?
S.W.: «Dans les années 80, près de 150 000 Mehari et environ 5 millions de 2CV étaient en circulation. A l’heure actuelle, les chiffres sont encore flous mais on estime qu’il y aurait environ 150 000 2CV et 80 000 Méhari. Ce qui est très peu au regard de la demande actuelle. Nous remettons sur la route environ quarante véhicules thermiques par an. Et nous produisons une trentaine d’Eden.»
A ce propos, vous avez récemment débuté une collaboration avec les ateliers Baak. Qui sont-ils? Et pourquoi cette association?
S.W.: «Baak est une entreprise française historiquement spécialisée dans la customisation des moteurs pour motos. Elle se lance depuis quelques temps dans celle pour autos. Notre collaboration est née d’une passion commune, mais aussi d’une fascination pour leur travail et leurs savoir-faire qui se rapprochent fortement de nos valeurs. La ligne directrice qu’a voulu donner Baak à cette Eden est l’intemporalité, via le noir. Avec sa face avant très «underground», ses panneaux latéraux lisses, sa finition et son intérieur en cuir, vous conviendrez qu’elle ne passe pas inaperçue!»
«Le grand retour de nos autos les plus mythiques? C’est notre dessein depuis plus de quarante ans !»
Stéphane Wimez, DG du 2CV Méhari Club Cassis
Revenons à votre R-Fit. A qui s’adresse ce kit? Et qui peut l’installer?
S.W.: «Pour le moment, il s’adresse aux détenteurs de 2CV6 de type AZKA. L’homologation française reste une homologation par «Type véhicule». Elle nous contraint donc à faire homologuer les modèles un à un, même s’il s’agit du même kit. Concernant l’installation, là encore les services d’homologation imposent une pose par un professionnel agréé ayant reçu une formation. Nous comptons actuellement onze partenaires répartis partout en France, formés par nos soins. Vous pouvez les retrouver sur notre site.»
Ce kit en annonce-t-il d’autres?
S.W.: «Pas pour le moment. Mais d’autres véhicules homologués avec ce même kit, oui ! Ainsi, nous avons bon espoir de pouvoir l’adapter prochainement à la 2CV Fourgonnette, l’Acadiane, la Mehari, la Dyane du côté de Citroën. Et peut-être aussi la 4Let la Fiat 500. Affaire à suivre!»
En clair, ne rêveriez-vous pas du grand retour de nos autos les plus mythiques, par hasard?
S.W. :«Évidemment! C’est notre dessein depuis plus de quarante ans. Le rétrofit permettra de remettre sur la route des véhicules oubliés au fond des granges, et dont l’utilisation restera locale. Il permettra aussi de donner aux nouvelles générations un moyen pratique et économique d’accéder au charme de l’ancien. Tout en roulant de manière éco-responsable.»
D’autres projets?
S.W.: «L’année 2022 est celle des 40 ans du 2CV Mehari Club Cassis. Aussi, nous souhaitons en faire une année symbolique et rétrospective de l’histoire de notre belle entreprise. Nous tenons à remercier tout au long de ces prochains mois ce vivier de passionnés qui ne désemplit pas chez nous, génération après génération. Ce sont eux qui nous permettent de continuer à perpétuer nos savoir-faire, et à protéger le patrimoine français des anciennes aux 2 chevrons! Il est donc l’heure de leur exprimer notre gratitude. Et de continuer à les faire rêver! Pour connaître nos différents événements, il faudra nous suivre sur nos réseaux sociaux, Facebook ou Instagram!»