Vélos: Faut-il rendre le port du casque obligatoire pour tous?

Par Laurent F.
Publié: Mis à jour: 5 minutes de lecture

Discutée au Sénat ce 13 janvier, une proposition de loi visant à rendre le casque obligatoire pour tous a provoqué un vif débat. Et vous, êtes-vous plutôt pour ou contre cette obligation? 

Portée par le sénateur centriste François Bonneau, une proposition de loi visant à imposer le casque à tous les cyclistes a été soumise au Sénat le 13 janvier dernier. A l’origine, une triste réalité: d’après les chiffres de l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière (ONISR), en 2019, 187 cyclistes ont été tués, 4 783 blessés. Parmi eux, la moitié ne portait pas de casque. «Près de deux tiers des cyclistes mortellement accidentés avaient 55 ans et plus. Et le traumatisme crânien est la cause principale de décès chez les cyclistes», a ajouté François Bonneau, pour étayer son projet de loi. Pas de doute possible, donc. D’autant que le seul port du casque diminuerait de 70 % le risque de blessures graves à la tête, si l’on en croit une étude australienne.

«Si des accidents n’ont pas lieu avec cette loi, c’est simplement parce que les gens vont moins rouler.»

Olivier Schneider, président de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB)

Les professionnels du deux-roues unanimement contre!

Des chiffres dramatiques certes. Et probablement évitables. Pour autant, c’est vent debout que l’ensemble des acteurs du secteur vélo se sont aussitôt dressés! Leurs craintes? Que cette mesure (déjà en vigueur pour les moins de 12 ans) casse la dynamique observée ces deux dernières années. Et que, face à l’obligation et à la menace d’une amende de 135 € pour les contrevenants, les usagers se détournent finalement du vélo. Parmi les plus fermes opposants, Olivier Schneider, président de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB): «Si des accidents n’ont pas lieu avec cette loi, c’est simplement parce que les gens vont moins rouler. Il y a un vrai risque d’avoir moins de gens qui font du vélo et ça peut avoir un effet pervers sur la santé publique.» 

Pour étayer ces propos, la FUB s’appuie elle aussi sur des études, venues du Canada, d’Australie et de Nouvelle-Zélande: «Les études étrangères qui se sont intéressées aux modifications de comportements suite à l’obligation du port du casque concluent toutes à une diminution du nombre de cyclistes. En revanche, le nombre de blessés ne diminue pas autant que l’on s’y attendait.»

Pour beaucoup, les priorités sont ailleurs

Et le sénateur écologiste Jacques Fernique de souligner des nécessités au moins aussi urgentes: «Les vrais leviers de sécurité concernent l’adaptation de la voirie, la limitation de la vitesse, l’apprentissage du savoir-rouler et le travail sur les angles morts.» Une opinion pleinement partagée par Françoise Rossignol, présidente du Club des villes et territoires cyclables, qui s’est exprimée dès le 11 janvier lors d’une conférence de presse: «Il semble que ce soit une fausse bonne idée. La sécurité est liée à la vitesse des autres véhicules, à la visibilité (des vélos), et à un nombre d’aménagements indispensables pour la sécurité sur le parcours.» Fermez le ban!

Un éternel débat

Pour rappel, l’idée d’une telle réglementation n’est pas nouvelle. Plusieurs projets de loi ont déjà été soumis aux parlementaires par le passé. En 2019, le texte alors proposé avait déjà suscité bien des énervements. «Les Français en ont marre qu’on leur impose des obligations. On recommande le port du casque, et chacun prend ses responsabilités!» avait tranché Elisabeth Borne, à l’époque Ministre des Transports. Un peu plus de deux ans plus tard, bis repetita. Marlène Schiappa, Ministre chargée de la Citoyenneté, a tranché à son tour: «Le gouvernement privilégie l’incitation à l’obligation. Ne risquons pas de provoquer un rejet en adoptant une législation contraignante.»

Et d’ajouter que le port du casque est en constante augmentation chez les cyclistes. D’après elle, 27 % d’entre eux le porteraient en semaine, 37 % le week-end. Malgré ces chiffres qui lui ont probablement semblé insuffisants, François Bonneau a finalement retiré sa proposition avant même de la soumettre aux votes. Débat suivant!

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