Bien sûr, face à l’explosion du prix des carburants à la pompe, des alternatives existent. Comme les transports en commun ou les mobilités douces, par exemple. Pour autant, nombre de Français restent dépendants de leur voiture. Alors quel(s) plan(s) B peuvent-ils trouver pour alléger leur facture? On vous donne quelques pistes…
L’annonce de Jean Castex ce 11 mars ne changera pas grand chose. A en croire de nombreux spécialistes le prix des carburants devrait bientôt flirter avec les 3 euros. Ce ne sont donc pas les quinze centimes de rabais prévus par le gouvernement qui leur rendront leur niveau d’avant! Ou quand rouler devient un sacré luxe… Face à cette crise sans précédent les solutions semblent évidentes. On privilégie les transports en commun, on prend davantage son vélo ou sa trottinette, on favorise la marche à pied…
Certes! Mais c’est oublié un peu vite qu’aujourd’hui encore une majorité de Français demeurent dépendants de leur voiture! Tout particulièrement en zones rurales ou péri-urbaines. Sans compter les professionnels des soins à domicile, les VRP, les VTC, les livreurs… Alors, puisque nul ne connait la durée de cette crise (ni jusqu’à quel sommet les prix grimperont!), tous s’interrogent: quelle solution trouver pour ne pas trop «plomber» notre pouvoir d’achat? S’offrir une voiture électrique bien sûr, mais sinon?
Les carburants alternatifs sont-ils vraiment une alternative?
La solution est coûteuse, mais elle peut s’avérer intéressante. Et si vous passiez aux carburants alternatifs? Ceux qu’on dit verts, même si aux yeux de certains ils ne le sont pas toujours. Du moins pas à 100%. Toujours est-il que cette appellation fait généralement référence au gaz (l’hydrogène ou le méthane), aux options de stockage de l’électricité (les batteries, notamment). Mais aussi aux biocarburants comme le bioéthanol et le biodiesel.
Bioéthanol et Biodiesel… Qu’est-ce que c’est ?
Loin du pétrole, le bioéthanol s’appuie sur des ressources végétales (blé, maïs, canne à sucre, bois, déchets agricoles…). À la pompe, vous le trouverez par exemple sous l’indication E85 (pour 85% d’éthanol). Le biodiesel, quant à lui, est produit à partir de ressources renouvelables (du type huiles ou graisses) que l’on peut trouver dans le colza, le tournesol ou le palmier. Il peut aussi provenir des filières de recyclage (les huiles usagées) ou même d’algues.
Bref, même si ces dernières années ils peinaient encore à convaincre, les carburants alternatifs à l’essence et au diesel ne manquent donc pas. Et commencent à séduire. Au point même que, ces derniers mois, l’éthanol est devenu comme un précieux sésame aux yeux de certains automobilistes! Rien de plus normal: quand les carburants traditionnels ont dépassé les 2 euros, l’E85 reste deux fois moins cher.
Mais peut-on passer à l’éthanol sur une voiture diesel ou essence?
Oui et non. Non pour les moteurs diesel. Oui pour les moteurs à essence. Mais pas n’importe comment. Car si certains automobilistes ne prennent pas de précaution spécifique avant de changer de carburant, les spécialistes le déconseillent fortement. Selon eux, alimenter le moteur essence ainsi entraînerait une altération des pièces de même qu’une surconsommation de 40%. Avec, à la clé, des risques d’endommagement du véhicule au bout de cinq ans.
Mieux vaut donc opter pour un boîtier homologué. Et le faire installer dans un garage agréé. Le coût? Il peut varier de 700 à 1 600 euros selon l’installateur. Un investissement certes, mais il s’avèrera vite rentable. Surtout au regard des prix actuels des carburants! D’autant que l’installation peut être pris en charge par la prime à la conversion.
Quelques (petits) inconvénients tout de même
Pour autant, sachez le, outre son prix, la transition n’est pas sans avoir un (petit) inconvénient. A peine plus de 2 700 stations-services distribuant de l’E85 sont aujourd’hui répertoriées en France, soit environ un quart d’entre elles seulement. C’est peu, donc! A noter que vous pouvez les localiser grâce au site bioethanolcarburant.com, qui les recensent au fil de leurs installations.
Et le covoiturage, dans tout ça?
Pas envie de vous lancer dans un changement de carburant? Reste une solution: le covoiturage. Favorisé par de nombreuses agglomérations il est certes très en vogue ces temps-ci. Mais de toute évidence son usage doit encore se démocratiser. Pour Olivier Binet, co-fondateur de Karos (l’une des plateformes leaders en France), le challenge est bel et bien là! Car les blocages demeurent. Pas envie de voyager avec un(e) inconnu(e). Envie d’être libre de ses mouvements sans dépendre de quelqu’un. Les arguments qui freinent nombre d’usagers potentiels ne manquent pas. «C’est un combat quotidien! Même si Karos est un succès aujourd’hui, nous n’avons finalement «que» 500 000 inscrits en France. Le chemin est encore long… »
Pour y aider, des subventions sont souvent attribuées par les territoires. Dans certains cas, le service est même gratuit pour les covoiturés, puisque pris en charge intégralement par la ville ou la métropole. Mais jusqu’ici cela ne suffisait pas à convaincre. Et c’est plutôt sur le phénomène générationnel que misaient les professionnels. «Nos utilisateurs ont entre 18 et 45 ans. Au-dessus, on voit que les habitudes sont bien ancrées, et qu’il sera difficile de les faire changer», nous confirmait Olivier Binet il y a peu. Sauf que, depuis, la flambée des prix de l’essence est passée par là. Et pourrait bien lever les barrières plus vite que prévu!