Et si le VE se plaçait au centre de notre réseau électrique ? Voilà posé ici le principe du vehicle-to-grid, dit V2G. Encore en phase expérimentale, il pourrait présenter bien des atouts. Pour les particuliers comme pour les professionnels. On fait le point !
Pour les non anglophones, «vehicle-to-grid» signifie «de la voiture au réseau». Un concept purement technique mais finalement assez simple. Du moins, sur le papier ! Cette technologie d’échanges bidirectionnels permettrait aux VE de restituer une partie de l’électricité stockée dans leurs batteries afin d’optimiser le fonctionnement de l’ensemble du réseau. En clair, le dit-réseau ne se contenterait pas d’acheminer l’électricité vers la batterie, mais la considèrerait également comme une source d’alimentation que l’usager pourrait gérer selon ses besoins.
Il pourrait stocker l’électricité aux heures creuses, et l’utiliser à celles où les tarifs sont les plus élevés. En rentrant chez lui le soir il utiliserait ainsi celle qui aura été stockée afin d’alimenter les différents appareils ménagers de sa maison, puis il effectuera la recharge dans la nuit. En gérant différemment ses besoins – et parce que les opérateurs le rémunèreront pour la mise à disposition de ses batteries – l’usager allégera donc forcément sa facture énergétique.
Un atout majeur. Même pour le réseau électrique ! Car le V2G permettra aux opérateurs de répondre plus efficacement aux variations de la demande. Ils réduiront ainsi les micro-perturbations survenant lorsque celle-ci est trop forte ou que la production bascule d’une énergie à une autre. Enfin, le V2G s’annonce comme une belle promesse pour l’avenir de nos batteries et les questions qu’il soulève. Car si celles-ci perdent peu à peu de leur capacité pour finir par ne plus être suffisantes au bon fonctionnement d’un VE, elles demeurent assez performantes pour alimenter un bâtiment. Un nouveau marché pourrait alors voir le jour, composé de nos vieilles batteries dites « hors d’usage ».
Un atout pour les flottes ?
C’est sur cette technologie V2G que repose aujourd’hui l’offre de Dreev, une co-entreprise créée par EDF et la californienne Nuvve. Depuis 2019, Dreev développe des solutions à destination des collectivités et des entreprises. Des solutions bien entendu testées en conditions réelles avant d’avoir été commercialisées via Izivia. C’est ainsi, par exemple, que l’entreprise bordelaise Hotravail, en gérant au mieux les flux d’électricité de sa flotte, aurait enregistré jusqu’à 20 € de gains par mois et par VE.
Mais le succès d’un tel dispositif repose sur plusieurs paramètres. Sur quelques obligations «techniques» évidemment, mais aussi sur l’obligatoire implication des conducteurs. Dans un souci d’organisation, et surtout de bonne répartition de l’électricité entre sa distribution et son stockage, ceux-ci doivent en effet systématiquement faire savoir à quels moments ils souhaitent mettre en charge leur véhicule, et quand ils comptent l’utiliser. Certes, une application dédiée vient les y aider, mais tout de même. Pas toujours facile de devoir «rendre des comptes» à chaque mouvement !
D’autant quand notre cœur de métier ne correspond pas à cette nécessaire planification en amont. A ce stade, le V2G possède donc encore quelques limites. «Quand nous proposons le V2G, nous nous assurons que la typologie d’usages correspond à notre service, confirme Éric Mevellec, directeur général de Dreev. Une entreprise de taxis dont les véhicules enchaîneraient les trajets avec des recharges rapides ne serait pas pertinente.»