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Voitures Electriques: Le bonus écologique bientôt réservé aux seuls modèles européens?

par Laurent F.

Suivant les Etats-Unis qui imposent depuis peu d’acheter un modèle 100% américain pour pouvoir bénéficier d’un crédit d’impôt, notre bonus écologique sera-t-il bientôt limité à la seule acquisition de voitures made in Europe? Certains le souhaitent. Mais est-ce une si bonne idée?…

Aux Etats-Unis, depuis le 25 avril, la loi Inflation Reduction Act impose l’octroi du bonus écologique aux seules voitures électriques fabriquées en Amérique. Conséquence: onze modèles seulement peuvent aujourd’hui y prétendre contre vingt-et-un jusqu’ici. Et si cette mesure venait bientôt à s’appliquer en France? Certains professionnels du secteur l’espèrent , à l’image de la Plateforme Automobile PFA qui -sous l’actuelle présidence de Luc Châtel- rassemble l’ensemble de la filière française. PFA (et les 4 000 entreprises qu’elle représente) milite de longue date pour plus de protectionnisme. En témoigne notamment son Lab de la Filière Auto organisé le 19 avril dernier, et titré «Préférence européenne, la fin d’un tabou.» (visible ici).

«Tous les efforts de la France seront vains, si l’Europe ne défend pas ses intérêts économiques »

Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie

Seul frein… l’Europe!

Loin de parler dans le vide, PFA a obtenu depuis longtemps l’oreille du Ministre de l’Economie. En marge du Mondial de l’Auto 2022, Bruno Le Maire avait déjà montré son plein accord avec la proposition, considérant que la France doit «réserver son bonus à des véhicules produits sur le sol européen pour résister à la concurrence.» Au passage, il insistait sur ce qui, jusque là, empêche l’application de la mesure: «Tous les efforts de la France seront vains, si l’Europe ne défend pas ses intérêts économiques ». Car là est en effet le véritable frein à l’application d’un nouveau bonus écologique plus contraignant, et qui prendrait la suite de celui existant.

Un Top 10 à 50% déjà à européen

Toutefois, à la faveur de l’Inflation Reduction Act américain, la rumeur de son instauration a repris de plus belle. Serait-elle maintenant inévitable? Et, si oui, à qui profiterait-il vraiment? Car s’il ne fait aucun doute que les constructeurs européens ne pourraient que s’en frotter les mains, qu’en seraient-ils des futurs acquéreurs qui se verraient soudain «contraints» à acheter européen? Certes, les Français ont toujours assez majoritairement privilégié les modèles européens (français, tout particulièrement). Du moins les plus abordables. Pour preuve, en 2022, parmi les dix VE les plus vendus de l’année en France figuraient cinq modèles issus du vieux continent: la Peugeot e-208 (3ème), la Fiat 500 (4ème), la Renault Mégane e-Tech (5ème), la Zoé (8ème) et la Twingo e-Tech (9ème).

En ligne de mire la compétitivité chinoise

Pour profiter de cet éventuel bonus à venir, le futur acheteur devrait donc renoncer à s’offrir l’un des cinq autres modèles figurant dans ce classement. A savoir les Tesla Y (1ère) et Model 3 (6ème), la Dacia Spring (2ème), la MG4 (7ème) et la Huyndai Kona Electric (10ème). Ils devront aussi oublier aussi les constructeurs chinois (les principaux visés, en vérité) qui arrivent en force ces temps-ci sur les marchés européens avec des modèles cumulant performances et tarifs devenus très abordables. Comme la Leapmotor T03, par exemple, et son tarif plancher de 25 990 euros avant bonus.

En ces temps de crise, bien entendu la question ne fait pas débat: soutenir l’économie locale est une évidence plus forte que jamais. De là à penser que freiner cette concurrence favoriserait le développement et l’expansion du secteur, pas sûr du tout. Que le pouvoir d’achat du consommateur en sorte gagnant… encore moins!

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