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Emmanuel Macron nomme Jean Castex Président de la RATP

par Laurent F.

L’Elysée l’a confirmé ce mercredi 19 octobre. C’est l’ancien Premier Ministre qui remplacera Catherine Guillouard à la tête de la Régie Autonome des Transports Parisiens.

L’information avait été révélée ce mardi par le site spécialisé dans les transports Mobilettre, puis reprise par plusieurs quotidiens. L’Elysée l’a confirmée ce 19 octobre. Le Président de la République a nommé l’ancien Premier Ministre Jean Castex PDG de la RATP. Selon Mobilettre, tout ce serait décidé le week-end dernier lors d’une rencontre entre le chef de l’Etat et son ancien bras droit.

Castex RATP

Au mois d’août déjà, ce dernier avait été nommé par Emmanuel Macron à la tête du conseil d’administration de l’Agence de Financement des infrastructures de Transport de France (AFIT France). «En tant que Premier ministre, il a rendu plusieurs arbitrages relatifs au contexte institutionnel dans lequel la RATP va évoluer. Ou sur la confirmation du monopole du GPSR (le service de sûreté maison de la RATP) sur les lignes du Grand Paris Express», justifie Mobilettre pour expliquer la décision présidentielle.

Passionné depuis toujours

Evidemment, la décision vient aussi en écho à l’attachement bien connu de l’ancien maire de Prades au monde des transports. Pour preuve, les nombreuses images et décisions fortes qui, ces dernières années, ont marqué les esprits. Jean Castex n’a-t-il pas prôné pour un investissement massif dans le réseau ferroviaire afin de décarboner les transports? Et militer pour le retour des petites lignes et des trains de nuit. Comme lorsqu’il avait prit la parole en s’adressant (tel un chef de bord) aux voyageurs du train nocturne Paris-Nice qu’il inaugurait en mai 2021. Sans oublier les fameuses photos où on peut le voir arborant fièrement la plaque de métro à son nom offerte par la RATP à l’occasion de l’inauguration du prolongement de la ligne 14. Ou avec la maquette du TGV que lui avait offerte Alstom.

Castex RATP
Jean Castex dans son bureau de Matignon après sa démission. Il y présente les cadeaux reçus pendant son mandat, et notamment cette plaque offerte par la RATP à l’occasion des l’inauguration de l’extension de la ligne 14.

Beaucoup de tensions à apaiser 

Même si, à d’autres postes, l’homme a dû gérer des crises majeures (à commencer par celle du Covid!), la mission de Jean Castex à la tête de la RATP s’annonce particulièrement ardue. Surtout lorsqu’on connaît les turbulences traversées ces temps-ci par la régie parisienne aux 330 lignes et aux trois millions de passagers quotidiens.

Plusieurs lourds dossiers l’attendent. A commencer par la gestion d’un climat social particulièrement délétère. Face à l’annonce de son imminente arrivée, les syndicats se sont d’ailleurs montrés immédiatement sceptiques. Selon Bertrand Dumont, co-secrétaire du syndicat Solidaires RATP: «compte tenu des dossiers en cours et de la violence avec laquelle les projets sont passés, on voit mal Jean Castex changer son fusil d’épaule. D’autant que les grandes directives et le timing sont déjà ordonnées.» Autant dire que les chances de voir reporter ou annuler l’appel à la grève prévue le 10 novembre prochain sont absolument nulles.

«Ne serait-ce que sur la préparation à la privatisation, on peut dire qu’on a des jours sombres qui s’annoncent. Que ce soit Jean Castex ou un autre…»

Bertrand Dumont, co-secrétaire du syndicat Solidaires RATP

La fin du monopole s’annonce explosive! 

Autre foyer de tension, les relations (tendues, elles aussi!) entre RATP et Ile-de-France Mobilités dirigé par la présidente de la Région Valérie Pécresse. En septembre, Valérie Pécresse et Catherine Guillouard (la Présidente démissionnaire de la RATP) se renvoyaient la responsabilité des dysfonctionnements des bus parisiens. De fait, à la RATP quelques 4 000 postes restent vacants à ce jour, dont 800 chauffeurs. Avec, pour conséquence, un quart du service non assuré. En cause (notamment) l’ouverture à la concurrence qui touchera, au 1er janvier 2025, les bus circulant au centre de l’agglomération parisienne.

Pour s’adapter à ces profonds changements qui s’annoncent, la RATP a modifié les conditions de travail de ses conducteurs jugées plus avantageuses que celles en vigueur chez ses concurrents. Conséquence: l’ensemble des syndicats ont appelé à une grève de trois jours en mai dernier. «Ne serait-ce que sur la préparation à la privatisation, on peut dire qu’on a des jours sombres qui s’annoncent. Que ce soit Jean Castex ou un autre…», réagit encore le syndicaliste Bertrand Dumont.

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