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Velib’: La Mairie de Paris s’en mêle… mais pas tout de suite

par Laurent F.

Le feuilleton Velib’ se poursuit. Après la colère du SAVM fin janvier, Smovengo a déployé ses arguments. Suffisant pour éteindre l’incendie? Certainement pas. Car usagers et élus sont montés au créneau. Et c’est maintenant la Mairie de Paris qui envisage la suite des événements. Prudemment.

Dans les épisodes précédents…

On vous en parlait ici fin janvier: rien ne va plus du côté de Velib’! Depuis que l’opérateur Smovengo a succédé en 2018 à JC Decaux, la grogne des usagers n’aura jamais cessé. Pire, elle n’aura fait que s’accentuer. Des vélos hors d’usage, VAE qui tombent en panne en plein trajets ou encore des stations vides aux heures de pointe. Un service client jugé défaillant… Les problèmes sont nombreux. Pour répondre aux critiques (mais aussi à la demande!), Smovengo a bien déployé 3 000 nouveaux vélos électriques en novembre dernier.

L’opérateur a même annoncé un plan de 2,7 millions d’euros consacré à la maintenance et la régulation de la flotte. Mais rien n’y a fait; les dents ont continué de grincer. Au point que, fin janvier, le SAVM (Syndicat Autolib’ Velib’ Métropole) a tapé d’un grand coup de poing sur la table. Financeur du Vélib’, ce regroupement de soixante communes de la métropole du Grand Paris s’est même fendu d’un communiqué: «Le service délivré nest pas au niveau attendu pour un service public de cette envergure, et ne permet pas une expérience utilisateur satisfaisante.». Les élus envisageaient, en conséquence, d’imputer une amende de plus de 9 millions d’euros à son prestataire. 

Vélib'
Velib’ – Crédit: Reuters

« Si Vélib’ était si nul, les clients déserteraient nos vélos pour en emprunter d’autres, ou des trottinettes ou des scooters ».

Stéphane Volant, Président de Smovengo

Smovengo à l’offensive

Depuis? Les négociations sont en cours. Mais Smovengo est bien décidé à se défendre. Dans une lettre adressée aux mêmes élus, son Président Stéphane Volant a préféré prévenir. Si elle atteint cette somme colossale, la pénalité «dépasserait le montant que Smovengo investira cette année dans le renouvellement de sa flotte de vélos». Du même coup, «la thérapie évoquée achèverait à coup sûr le malade, alors que les efforts que Smovengo consent à vos côtés sont très loin d’être négligeables.» Et le dirigeant d’annoncer (entre autres) l’arrivée de 4 000 VAE supplémentaires d’ici l’été. Et l’embauche de 35 nouveaux techniciens.

Pour trancher, le SVAM a donc décidé de lancer un audit qui devrait débuter ces prochaines semaines. Avec un objectif essentiel: comprendre (enfin!) les dysfonctionnements du service, et envisager les réponses les plus efficaces à apporter. En ligne de mire une question centrale: Smovengo est-il, oui ou non, en capacité de gérer normalement Velib’? Toutes ces informations devraient être rendues publiques à l’automne prochain. Mais Stéphane Volant a déjà son début de réponse: «Si Vélib’ était si nul, les clients déserteraient nos vélos pour en emprunter d’autres, ou des trottinettes ou des scooters». 

« On estime à dix-huit mois minimum l’interruption de service si nous décidions de passer en régie aujourd’hui. »

David Belliard, adjoint en charge des mobilités à la Mairie de Paris

Un reprise en régie par la Mairie de Paris ? Pas demain la veille !

Un argument imparable? Du côté de l’opérateur sans doute. Pas forcément du côté des usagers dont la colère s’exprime de plus en plus fortement sur les réseaux sociaux. Et pas non plus du côté de certains élus. Comme le centriste Nicolas Jeanneté qui évoque la dénonciation du contrat (qui court jusqu’en 2032). Et il n’est pas le seul… Le 9 février, les débats étaient en effet tendus à la Mairie de Paris. Y compris entre alliés de la majorité municipale.

Ainsi, répondant à une question du chef du groupe communiste Nicolas Bonnet-Oulaldj, David Belliard (adjoint EELV en charge des mobilités) en a convenu: la reprise en régie publique de Vélib’ pourra se poser. Mais pas avant l’issue du contrat avec Smovengo. Dans… dix ans donc! Les raisons de cette prudence, l’adjoint les place tant dans la sphère financière que pratique: «On estime à dix-huit mois minimum l’interruption de service si nous décidions de passer en régie aujourd’hui. Sans compter que casser un tel contrat ne serait pas anodin pour les finances du SAVM, et donc de notre ville.» Fermez le ban!

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