Sur le salon Drive To Zéro, Isabelle Maimbourg, directrice générale de l’OPCO Mobilités a accepté de répondre à nos questions sur le sujet de la mobilité durable.
L’OPCO Mobilités c’est quoi ?
L’OPCO Mobilités, c’est un opérateur de compétences. Vous avez 11 opérateurs de compétences en France qui sont assemblés par secteurs, par filières. Nous, c’est celui de la mobilité, OPCO Mobilités. On regroupe 17 branches plus la RATP. Ça représente 152 000 entreprises, 1 660 000 salariés. Donc tous les métiers du transport (de personne et de marchandise), que ce soit sur la route, sur rail, sur l’eau, on a tout le transport, sauf l’aérien.
Les modifications d’usages viennent transformer les métiers du transport
On a deux étapes dans la vie d’un véhicule, n’importe lequel qu’il soit. On a la partie construction et la partie aval, la distribution. L’aval, c’est à partir du moment où ça sort de l’usine, jusqu’à son recyclage. En effet, désormais c’est une obligation et c’est bien à l’OPCO Mobilités qu’on a les branches de recyclage. De ce fait, sur tous ces métiers aval, on est impacté par l’amont.
En effet, c’est les constructeurs automobiles qui vont définir leur stratégie de motorisation. Et donc derrière, on doit adapter les compétences sur la maintenance des véhicules (auto, moto, vélo, bateau, camion, autocar, autobus). Également sur la conduite et l’éco-conduite, puisqu’on ne conduit pas un camion électrique comme un camion au diesel. Et enfin, il y a un métier qui est un peu transverse à tout ça, c’est le commerce, puisqu’on ne vend pas un autocar électrique, une voiture électrique, un vélo électrique comme on vend, du thermique, essence ou diesel.
Il y a des changements dans les mentalités, avant les gens se disaient « OK, je veux changer, je veux prendre des sièges comme ci, des options comme ça ». Alors que maintenant c’est « Quelle autonomie ? Quelle recharge ? Quel type de batterie ? Est-ce que ce n’est pas dangereux ? Quelle consommation ? »
Le métier de commercial doit se réinventer ?
Il y a véritablement une valeur ajoutée à ce que le commercial se réapproprie son métier. En fait, avec la bulle internet qui a explosé, les particuliers arrivent en concession, en connaissant parfois mieux la partie technique de la voiture que le vendeur. Globalement, ils faisaient la totalité des constructeurs du coin pour faire le bon de commande et négocier une remise. Donc là, le métier de concessionnaires, c’est vraiment un métier à réapprendre en se disant : « Quelle est ma valeur ajoutée en tant que commercial ? Et c’est de dire : « Quel est votre trajet ? Quel est votre trajet quotidien ? C’est quoi votre besoin ? Est-ce que vous allez prendre une grande autonomie alors que vous faites une fois par an, la Normandie ou la Bretagne ? Les commerciaux doivent donner des conseils sur le type de batterie, l’autonomie, mais surtout sur l’usage final.
La formation
Nous, on est en charge d’avoir une cartographie d’offres de formation qui est pertinente par rapport aux besoins. Ce qu’on dit bien à tous les organismes de formation, à toutes les entreprises, à toutes les branches, c’est : « on fait partie d’un tout, on est une chaîne. On ne peut pas travailler les uns sans les autres ».
Il y a un impact direct sur le maintien et la transversalité des compétences. Et donc, on leur dit : « Continuez à former sur vos besoins d’aujourd’hui, mais voyez à demain ». On a fait des études, secteur par secteur, pour donner de la prospective en leur disant : « Dans 10 ans, vous en serez là ». Mais surtout, on a fait une étude pour savoir où ils en étaient aujourd’hui. Et on s’est rendu compte que les entreprises de petite taille ne prennent pas la mobilité décarbonée dans leur modèle économique. En effet, sur les 1 660 000 salariés et 152 000 entreprises, 88% sont des entreprises de moins de 50 salariés.
Le financement du matériel pédagogique
L’enjeu c’est de s’approprier la mobilité durable. On sait que l’apprentissage, c’est de la répétition et que plus on est jeune, plus on apprend vite et plus ça marque. Ce ne sont pas des centres de formation classiques où on va financer des équipements pédagogiques, ce sont des centres de formation d’apprentis. OPCO Mobilités, c’est encore 16,5 millions d’euros cette année de financements sur les équipements pédagogiques des centres de formation d’apprentis sur les métiers de la mobilité.
On va avoir des simulateurs de conduite, pour apprendre l’éco-conduite, les gestes de sécurité routière et de danger. Ça peut être aussi des véhicules électriques d’occasion pour apprendre à travailler dessus. On a financé la nouveauté des camions électriques. Ça veut dire que les jeunes vont pouvoir, dès leur plus jeune âge, être sur des équipements déjà peu courants sur toute la continuité de la chaîne. Ils vont arriver en entreprise, avec une compétence de plus que les conducteurs et mécaniciens d’aujourd’hui.
Gérer la bascule du thermique vers l’électrique
C’est très complexe. En effet, tout le monde pense que du jour au lendemain, on va arrêter le thermique. Alors qu’on en a encore pour 20 ans. Donc surtout, il faut garder nos mécaniciens d’aujourd’hui, mais continuer à les former sur les nouvelles technologies, normes. Par contre, on a déjà un parc de véhicules électriques qui commence à être intéressant, donc on va former sur l’électrique. Une double compétence dans l’avenir, c’est encore mieux. Et il faudra toujours, même dans 5 ans, même dans 10 ans, former au thermique. Il faut penser double compétence, point d’entrée et avec nos problématiques de recrutement, il faut plutôt les appeler avec l’argument « déplacement vert et économie verte », pour que ça puisse attirer les plus jeunes.
Les formations dans lesquelles l’OPCO Mobilités intervient le plus
C’est la mécanique, bien évidemment. C’est aussi la conduite et l’éco-conduite de plus en plus. La branche du transport routier a demandé à ce que ce soit dans tous les référentiels de certification. Donc, le jeune, le moins jeune qui sort, il a forcément eu des modules d’éco-conduite.