Spécialiste des solutions de mobilité pour les entreprises, Alphabet France publie depuis huit ans un baromètre annuel consacré aux trajets domicile-travail. L’occasion de suivre (entre autres) l’évolution des mobilités douces et des véhicules électriques. Et de vérifier l’impact de ces trajets du quotidien chez les actifs français.
Réalisé à la mi-juin dernier par l’IFOP pour Alphabet France, le Baromètre 2024 consacré aux trajets domicile-travail des Français livre de sérieuses indications, notamment sur la place laissée à la voiture. Lors de la première édition (en 2017), 81% des sondés déclaraient se rendre au travail par le biais de leur voiture personnelle. Un chiffre en baisse depuis lors (ils n’étaient plus que 72% en 2019, 75% après la crise sanitaire), et qui tend à se stabiliser puisque ce sont désormais 74% des actifs français qui l’utilisent.
Sans surprise, une nette disparité est à noter selon les territoires: en région parisienne, seulement 54% se déplacent chaque jour avec leur véhicule, 64% dans les agglomérations de 100 000 habitants. En revanche, dans les plus petites ce sont en moyenne 84% des actifs qui l’utilisent. A la voiture, 23% des personnes interrogées lui préfèrent les transports en commun. Surtout dans les plus grandes villes évidemment (34%), et même 51% en région parisienne. Dans le Sud-Ouest en revanche, les actifs boudent massivement la solution: seulement 9% y font appel.
Plus d’un tiers des actifs français n’ont pas accès à des transports en commun
Comment les actifs français jugent-ils ces transports en commun? Positivement, pour la majorité d’entre eux. 50% les trouvent plus rapides, 44% plus économiques, 37% plus écolo. Et 16% n’ont de toutes façons pas d’autre choix. A l’inverse, 35% des interrogés expliquent le choix de ne pas les utiliser pour une raison simple: ils n’y ont pas accès près de chez eux. Ils sont même 49% dans les agglomérations de moins de 100 000 habitants à avancer cette raison.
Parfois, c’est le lieu de travail qui est mal desservi: 33% sont dans ce cas, et même 42% dans les agglomérations qu’on vient de citer. Autres raisons stipulées: 18% invoquent leur manque d’envie, 10% le manque de fiabilité. 10 autres % estiment qu’ils sont trop fréquentés, 9% qu’ils sont trop chers quand 7% craignent pour leur sécurité. Dans tous les cas, la multimodalité est de mise: près d’un tiers (31%) utilisent au moins deux moyens de déplacement différents pour aller au travail et en revenir.
Les voitures électriques séduisent de plus en plus
Mais revenons à la voiture, encore très largement plébiscitée. Bien entendu, en 2024, suivant les tendances actuelles du marché, 88% des actifs français roulent en voitures thermiques. C’est tout de même 2% de moins qu’en 2023 où ils étaient 90%. Les 11% restants roulent donc en électriques ou en hybrides (contre 9% en 2023). Un score qui atteint 17% en région parisienne. Une évolution notable donc, et qui devrait se poursuivre puisque 47% des personnes interrogées prévoient de passer à une motorisation plus verte (hybride ou électrique) lorsqu’ils changeront de véhicule. Tout en précisant (pour 67% d’entre eux) que bonus écologique et prime à la conversion n’auront pas d’impact sur leur intention d’achat.
Quant à ceux qui roulent déjà en électrique, 69% y voient avant tout des avantages économiques, 39% écologiques. 33% jugent la motorisation bien plus agréable, et 16% plus silencieuse. Seuls 5% justifient rouler en VE par le fait que leur entreprise met ce moyen de déplacement à leur disposition.
Les freins à l’électrique ont la vie dure
Le chiffre peut étonner: 65% des actifs français roulant en véhicule thermique disent ne pas se sentir prêts à passer au 100% électrique. Et les freins n’ont guère évolué depuis ces dernières années, quand bien même les faits disent le contraire. Le prix d’achat est jugé trop élevé (64%). Près d’un sur deux (49%) disent aussi ne pas être certains que les V.E. soient réellement écologiques. 40% estiment leur temps de recharge trop long et le nombre de bornes de recharge trop insuffisant. L’autonomie, jugée trop faible, ralentit 39% des conducteurs de voitures thermiques. De curieux paradoxes quand on sait que 60% des répondants estiment à moins de 20 kilomètres la distance entre leur domicile et la borne de recharge la plus proche, 34 autres % ignorant totalement où peuvent se trouver des bornes dans leur zone géographique!
A noter: La distance moyenne des trajets domicile-travail chez les Français est aujourd’hui de 18 kilomètres pour un parcours d’environ 25 minutes. Avec, là encore, des disparités régionales évidentes.
Des trajets de plus en plus stressants…
Reste à connaître l’impact de ces trajets sur la qualité de vie et des conditions de travail (QCVT) des actifs français. En 2022, 24% le jugeait négatif. Une situation qui empire d’année en année, puisqu’en 2023, c’es 29% qui jugeaient l’impact des mobilités négatif. Et… 30% en 2024! Cela va plutôt mieux côté perte de temps (52% le pensent encore, contre 65% en 2023). Mais la sur-fréquentation est mal vécue par 51% des Français, le manque de ponctualité par 45%. Plus surprenant, le risque d’accidents ou de désagréments liés au comportement des autres usagers est de plus en plus craint: 42% (contre 35% en 2023).
La pollution (25%), le manque de linéarité, le nombre de changements et la nécessaire multimodalité (22% contre 16% en 2023) sont aussi vécus comme de lourdes contraintes. Au point que 70% des actifs affirment aujourd’hui que la question de la mobilité domicile-travail pèse dans leur choix de postuler ou de rester dans une entreprise. Les moins de 35 ans sont même 79% à choisir (ou à accepter) un poste en fonction des solutions de mobilité qui leur sont proposées.
Bon à savoir: 55% des actifs interrogés disent bénéficier d’au moins une solution de mobilité par le biais de leur entreprise. C’est 1% de moins qu’en 2023, et 4% de moins qu’en 2022. Pourtant, si 54% des actifs y voient une source d’économies, ils sont 32% à ressentir plus de confort et de bien-être, 24% un gain de temps et presqu’autant une diminution du stress.