Des formations immersives en anglais dans un cadre résolument durable, voici ce que propose Châteaux des Langues qui a trouvé en ce modèle économique l’opportunité de financer la restauration de monuments du patrimoine. A l’occasion des 40 ans de l’entreprise, son Directeur Général Thibault le Marié nous en dit plus. Et nous précise son fort engagement RSE.
Pouvez-vous nous retracer l’histoire de Châteaux des Langues?
Thibault le Marié: «Tout a commencé par l’histoire de mes parents, Aude et René le Marié. Lorsque mon père a hérité du château de la Mazure (en Mayenne), il s’est vite aperçu -face aux charges évidemment très importantes et aux indispensables travaux de remise en état et de modernisation- que ce n’était pas forcément le «cadeau» qu’il imaginait. Ensemble, ils ont donc réfléchi à des solutions. Il se trouve que ma mère était alors responsable de l’enseignement de l’anglais à l’Aérospatiale. Et c’est là qu’elle a eu l’idée: afin de financer les réfections et l’entretien de la propriété, pourquoi ne pas mettre la formation linguistique au service d’un monument historique? Depuis son lancement en 1983 le concept Châteaux des langues fonctionne très bien. Aujourd’hui, nous l’avons même déployé pour aider d’autres propriétaires, aux châteaux de Varambon (Ain) et de Craon (Mayenne). Et nous devrions en ajouter très prochainement un autre, près de Lille.»
A qui s’adresse ces formations?
Thibault le Marié: «A des adolescents d’une part. Et aux adultes, bien souvent des cadres qui sont envoyés ou conseillés directement par leur entreprise. Ils n’ont pas le temps de s’améliorer ou d’apprendre l’anglais par eux-mêmes. Alors ils viennent pour une semaine de soixante heures au cours de laquelle l’enseignement portera sur un anglais qu’ils utiliseront dans un contexte professionnel. Parmi nos clients, nous comptons des collaborateurs d’entreprises comme Euler Hermès, Louis Vuitton, le groupe PSA, L’Oréal ou encore Sanofi, par exemple.»
Depuis 2021, vous êtes une «Entreprise à mission». Quels sont vos principaux objectifs?
Thibault le Marié: «Nous le sommes en effet depuis 2021, mais dans la réalité des choses nous le sommes depuis toujours puisque notre activité a été créé pour sauver le château de famille. Depuis l’obtention de ce statut, nous nous sommes donnés quatre grands objectifs. Le premier: aider à la montée en compétence des propriétaires de châteaux. Pour cela, nous leur offrons des immersions linguistiques afin de les aider à maîtriser l’anglais, ce qui ne peut qu’optimiser leurs performances face à leurs nombreux visiteurs internationaux. Je suis aussi très impliqué dans le réseau Les Audacieux du Patrimoine qui rassemble des entrepreneurs ayant fait de leurs châteaux le lieu de leur activité principale.
Le deuxième objectif est la sensibilisation du grand public. Oui, c’est vrai, la problématique de sauvegarde des monuments historiques est un problème de riches. Surtout ces temps-ci! Néanmoins, la France a un patrimoine reconnu et envié dans le monde entier. Il serait dommage de ne pas en profiter ni de le mettre en valeur!»
Le troisième concerne la dimension sociale…
Thibault le Marié: «Oui. Clairement, Châteaux des Langues a un impact économique, social et environnemental, mais aussi culturel bien entendu. En termes d’impact social, la valeur ajoutée du château de la Mazure s’est notamment traduit par l’embauche de huit personnes en local.»
Comment faire rimer sauvegarde du Patrimoine et durabilité?
Thibault le Marié: «Nous sommes toujours sur des réflexions à long terme. Ces monuments, nous devons les préparer pour les générations suivantes, donc nous faisons très attention à l’aspect durable de tout ce que l’on entreprend. Ainsi, nos différents sites sont largement engagés dans une démarche d’éco-responsabilité, par le biais(entre autres) de chaudières à copeaux de bois, de phyto-épuration, de ballons solaires… De même, nous nous approvisionnons en circuit court. Nous disposons de nos propres potagers bio. Nous utilisons des produits d’entretien écolos. Et nous essayons chaque année de nous améliorer davantage. Par exemple, en 2023, au château de la Mazure nous installons des panneaux photovoltaïques.»
Les aides pour la rénovations sont-elles les mêmes que pour n’importe quelle autre entreprise? En existe-t-il de plus spécifiques pour les monuments du Patrimoine?
Thibault le Marié: «Oui, mais notre position est toujours un peu compliquée car nous nous trouvons à cheval entre deux mondes, celui des Monuments historiques et celui de l’entreprise. Il est fréquent que l’un nous renvoie à l’autre et inversement, ce qui fait que nous sommes éligibles à assez peu de choses, au final…»
Pour conclure, quel est votre quatrième engagement?
Thibault le Marié: «Il s’agit pour nous de soutenir toutes les initiatives susceptibles de créer de la valeur. Nous avons lancé récemment un projet que nous appelons «Châteaux Vivants» qui vise à déployer notre concept sur d’autres usages. Ce peut être «Châteaux d’éloquence» qui proposera des stages de prises de parole en public, «Châteaux des savoir-faire» pour découvrir et acquérir l’expertise des artisans. Ou encore «Châteaux du coworking». Globalement, ce projet (nécessairement collaboratif) permettra de relier entre eux des propriétaires de châteaux à la recherche de solutions et des acteurs économiques souhaitant s’engager dans la protection du patrimoine et la revitalisation des territoires.»