Revenu au centre des discussions depuis quelques semaines, le télétravail ne fait plus autant l’unanimité qu’il y a encore peu. La preuve en deux sondages publiés récemment.
En septembre dernier, comme d’autres grandes entreprises françaises et internationales avant lui, le géant français Ubisoft imposait à ses employés un retour en présentiel au moins trois jours par semaine. Au même moment, et après avoir exigé depuis février le même retour en présenciel, un autre géant bien connu, Amazon, annonçait l’arrêt pur et simple du télétravail à compter de janvier 2025.
Alors, aussitôt, du côté des effectifs, la colère a grondé, provoquant même chez Ubisoft une grève totalement inédite. Grève qui n’a pas surpris grand monde, autant le dire. Du moins si l’on en croit le sondage publié fin octobre, réalisé par YouGov pour « Le HuffPost ». Selon cette enquête qui rassemble les réponses d’un millier de Français actifs, 46% d’entre eux se sentiraient prêts à quitter leur poste si jamais ils ne pouvaient plus télétravailler. Pour eux, non: ce télétravail n’est plus une option, mais un acquis social que plus des trois-quarts utilisent à bon escient. 36% des répondants ont la chance de travailler au moins un jour par semaine à distance, 15% deux à trois jours, 9% au moins quatre.
Le flex office plébiscité
Mais ils sont tout de même 15% à pouvoir télétravailler librement sans pour autant faire ce choix, préférant largement aller au bureau plutôt que de rester chez eux. De fait, une organisation centrée sur le seul télétravail ne séduit qu’une infime minorité (15%), et le travail hybride (dit flex office) est aujourd’hui nettement plébiscité. 41% l’apprécient ou l’apprécieraient, quand 29% préféreraient même le seul présentiel. Parmi leurs principales motivations, le besoin (ou l’envie) de passer du temps avec leurs collègues (45%), mais aussi la volonté de séparer vie privée et vie professionnelle (39%), ce que le télétravail ne permet pas vraiment. 34% estiment qu’ils peuvent ainsi mieux travailler avec leur équipe (34%). Et se sentir mieux intégrés à leur entreprise (32%).
Plus étonnant : 23% ont le sentiment d’être plus productifs au bureau. Si le travail hybride n’avait plus cours et que le présentiel, comme chez Amazon, redevenait obligatoire? 38% l’accepteraient à contre-cœur, 29% savent d’avance que leur moral en pâtirait, et 14% ne l’accepteraient tellement pas qu’ils envisageraient même de démissionner. Et seulement 13% s’en réjouiraient!
54% des cadres dirigeants estiment que le télétravail complique les relations
Parmi ceux qui en seraient ravis sans doute comptera-t-on nombre de cadres et de dirigeants. Confirmant une enquête Fiducial-Ifop publiée et été qui montrait la réserve des patrons de TPE sur la question, un autre sondage (réalisé par la plateforme française leader de l’emploi et du recrutement Hellowork) le laisse également entrevoir. Publiée en même temps que le sondage de Yougov pour «Le HuffPost», et réalisé sur 701 cadres dont 464 managers, cette enquête nous apprend que 54% d’entre eux estiment que le télétravail complexifie singulièrement les relations avec leurs équipes. Seulement 15% pensent le contraire. Quant au tiers restant (31%), ils préfèrent rester plus nuancés: selon eux, peu importe que l’on travaille depuis chez soi, au bureau ou ailleurs, tout cela n’aurait aucune réelle influence notable sur les relations avec leurs collaborateurs…