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Observatoire Climate Chance 2022: Entre recul et petites avancées

par Laurent F.

Publié chaque année l’Observatoire Climate Chance dresse le Bilan mondial de l’action climat par secteur. Malgré d’incontestables bonnes nouvelles, les principaux enseignements de l’édition 2022 montrent le (long) chemin qu’il reste encore à parcourir.

Créée en 2015, l’association internationale Climate Chance fédère l’ensemble des acteurs non-étatiques reconnus par la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). Son objectif: renforcer l’action climat des collectivités locales, des entreprises et de la société civile. Ceci, par la mise en réseau des acteurs et le partage des pratiques afin de mieux contribuer à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris.

Depuis quatre ans, l’Observatoire Climate Chance publie une synthèse annuelle et mondiale consacrée aux actions réalisées dans les principaux secteurs d’émissions. A savoir l’énergie, les transports, le bâtiment, l’industrie, les déchets et les usages des sols. Les grands enseignements de cette édition 2022 ont été présentés à la récente COP27 qui s’est tenue du 6 au 18 novembre à Charm El-Cheikh. Intéressons-nous à cinq d’entre eux.

Les conséquences du réchauffement climatique impactent les politiques d’atténuation

Climate Chance nous le rappelle: les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde. «En 2021, l’intensification des aléas climatiques ont causé des pertes humaines et agricoles colossales et perturbé le fonctionnement des réseaux électriques (nucléaires, hydroélectriques, transmissions…) et des infrastructures de transport (notamment ferroviaires). Dans le même temps, les besoins d’adaptation de court terme (climatisation, réfrigération, irrigation…) génèrent un surcroît de dépenses énergétiques qui fragilisent les scénarios de transition. Et qui effacent les gains permis par des actions de long terme, comme la rénovation thermique des bâtiments ou l’agroécologie dont le rythme d’adoption reste lent.»

climat bilan

Le marché carbone volontaire accélère

Porté par la vague d’engagements des entreprises à atteindre le zéro carbone, le marché carbone volontaire a battu tous les records en 2021. Près de 2 milliards de dollars de transactions, soit quatre fois plus qu’en 2020. «Les crédits certifiant les projets de solutions fondées sur la nature (afforestation, reforestation, conservation…) rencontrent un succès florissant et occupent la première place du marché (50% des crédits échangés environ). Les co-bénéfices pour la biodiversité et le développement socio-économique des communautés locales sont également très recherchés.» Pour autant, Climate Chance dresse un bémol: «les crédits d’élimination des émissions, qui permettent la captation et la séquestration additionnelle de CO2 à long terme, demeurent très peu développés.»

«Si cette crise globale représente une occasion d’accélérer la transition énergétique à long terme, elle agit aussi comme un frein à court terme.»

Climate Chance

Le recours aux fossiles dépasse le boom des énergies renouvelables

En 2021, les émissions mondiales dues à l’utilisation d’énergies ont dépassé leur niveau de 2019. Si le pétrole est le seul combustible fossile dont les émissions sont restées inférieures à 2019, le charbon a assuré «la moitié de l’augmentation mondiale de la demande d’électricité», stipule Climate Chance. Quant au gaz, il a lui aussi connu une hausse de la demande dans tous les secteurs. Des tensions que le conflit ukrainien est venu accélérer, même si elles furent d’abord générées par la reprise de l’économie d’après Covid.

Conséquence de cette période particulièrement tendue: la croissance des énergies renouvelables observée en 2020 s’est ralentie. Pour l’association, «si cette crise globale représente une occasion d’accélérer la transition énergétique à long terme, elle agit aussi comme un frein à court terme, en faisant grimper les prix et en offrant un sursis au charbon.»

climat bilan

Le succès des SUV thermiques tempère les ventes records des véhicules électriques

Certes, l’électrique est en pleine croissance, mais le succès des SUV thermiques auprès des constructeurs autant que des consommateurs (ils représentent 45,9 % des ventes mondiales) vient déséquilibrer les choses. Deuxième source de croissance des émissions mondiales, il «tend à contrebalancer les gains d’efficacité obtenus grâce à l’électrique», regrette Climate Chance. 

Les gouvernements locaux adaptent la transition aux territoires

Mais terminons par un bon point: «Les gouvernements locaux sont aux avant-postes de la mise en œuvre de politiques climatiques adaptées aux besoins des citoyens», se félicite l’association. Mieux, ces gouvernements «vont au-delà des objectifs fixés au niveau national, en améliorant l’efficacité énergétique de leurs bâtiments et infrastructures, en introduisant des exigences minimales de performance énergétique, des normes d’adaptation dans les codes des bâtiments, ou en adoptant des politiques de décarbonation du chauffage. Les formes coopératives locales souffrent de la crise énergétique, mais se révèlent efficaces pour l’adaptation.»

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