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Filière économique du vélo: Un rapport parlementaire pose des perspectives

par Juliette Solans

Chargé de mission, le député Guillaume Gouffier-Cha a rendu son rapport sur la structuration de la filière économique du vélo en France. En voici les principales préconisations.

On en parle souvent, on s’en réjouit toujours: partout en France, depuis le surgissement de la crise sanitaire au printemps 2020, les ventes de vélos explosent. Nombreux sont les Français à avoir délaissé les transports en commun pour privilégier le deux-roues. Ou à l’avoir adopté pour leurs sorties loisirs. Avec une exigence certaine en terme de qualité. Car, on le sait, les vélos premium, et made in France, ont la côte! Made in France? Certes. Sauf que tout n’est pas si limpide! En vérité, malgré les 690 000 vélos assemblés en France chaque année (pour 2,685 millions de cycles vendus), rares sont les fabricants tricolores à pouvoir réellement fonctionner en totale autonomie. Dans l’immense majorité des cas les approvisionnements extérieurs sont nécessaires. Avec, pour corollaire, des délais de livraisons sortant bien souvent des limites du raisonnable, problèmes de pénuries obligent. Il est donc grand temps de faire «bouger les lignes»!

«On peut envisager un vélo 100 % européen dans cinq à dix ans!»

Guillaume Gouffier-Cha, Député du Val-de-Marne

Une mission parlementaire pour dynamiser le secteur

Triomphant jusqu’aux années 1980, le cycle français a subi par la suite une forte désindustrialisation. Si bien qu’aujourd’hui il est quasi indispensable d’aller jusqu’en Asie pour obtenir des composants plus du tout fabriqués chez nous. Cependant, nouvel essor faisant, la demande autant que les besoins ont considérablement changé. Le potentiel économique n’a même jamais été aussi important. C’est donc au secteur de s’adapter. Et de saisir sa chance!

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©PHOTOPQR/L’ALSACE ; Strasbourg inaugure la première vélorue de France, où les vélos sont priortaires PHOTO : Dominique GUTEKUNST LE 12 05 2017 (MaxPPP TagID: maxstockworld358638.jpg) [Photo via MaxPPP]

Pour ce faire, le Premier ministre Jean Castex a chargé, en octobre dernier, le député Guillaume Gouffier-Cha de dresser un audit. Charge à lui d’être force de propositions afin d’aborder au mieux la restructuration de la filière nationale. Trois mois durant, l’élu LREM du Val-de-Marne a donc écumé la France et l’Europe pour dresser un état des lieux. Et c’est le 8 février dernier qu’il a remis son rapport à la Ministre chargée de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher et au Ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari.

L’union fera la force!

Un constat d’abord, imparable. «La révolution des pratiques que nous observons aujourdhui entraine un besoin en équipements de qualité. En outre, ce besoin arrive au moment où le vélo connaît des évolutions technologiques majeures avec le développement du VAE et du vélo cargo. Entre 2019 et 2021, le nombre de VAE vendus est passé de 400 000 à 700 000. Et il devrait sen vendre plus dun million par an dici 2025. 

Concernant les vélos cargos, le besoin est estimé à 300 000 dici à 2027, ce qui signifie de passer de 11 000 (…) à 60 000 unités.» Une réelle opportunité industrielle, donc. Encore faut-il ne pas «louper le coche»! Et sur ce point, malgré la concurrence de nos voisins européens «parfois plus avancés que nous» le rapporteur se veut optimiste. «Arrêtons de dire que ce nest pas possible. On peut envisager un vélo 100 % européen dans cinq à dix ans!»

«Les perspectives de développement économique sont importantes, mais elles demeurent conditionnées à la structuration de la filière. (…) Et au développement des infrastructures cyclables encore grandement insuffisantes en France.»

Guillaume Gouffier-Cha, Député du Val-de-Marne

Un objectif: accroître la production nationale et européenne

Reste à mettre en place les structures nécessaires. Pour ce faire, Guillaume Gouffier-Cha suggère notamment la création dun comité de filière au sein duquel seraient réunis l’ensemble des acteurs. Les fabricants jusqu’aux opérateurs, en passant par les réparateurs et les professionnels du tourisme, seraient ainsi concernés. «Lensemble de ces secteurs sont eux aussi en pleine expansion. Plus de 100 000 emplois pourraient y être créés dici à 2050 selon certaines estimations. Les perspectives de développement économique sont importantes, mais elles demeurent conditionnées.» Et c’est bien là où les difficultés commencent…Car pour le député la seule structuration de la filière ne suffit pas. Faut-il aussi (entre autres) favoriser «la création de formations professionnelles  qualifiantes pour lensemble des métiers du secteur». Et développer «des infrastructures cyclables encore grandement insuffisantes en France».

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Les collectivités doivent mettre (davantage) la main à la poche!

Multiplication des arceaux de stationnement, aménagement de nombreuses pistes cyclables… Le financement de ces infrastructures a évidemment un coût que Guillaume Gouffier-Cha estime à environ 400 millions deuros par an. «Ce qui signifie 30 euros par personne», précise-t-il. Un véritable effort de l’Etat et des collectivité locales doit donc être entrepris. Et pour cause: aujourd’hui, c’est en moyenne seulement 4,91 euros/habitant qui sont dépensés en France. A titre de comparaison la Belgique dépense 39,16 euros!

Un marché de la seconde main est nécessaire

Enfin, outre la création d’un label France Vélo aux normes environnementales strictes, le député encourage la structuration d’un marché de la seconde main «Pour linstant, à part Leboncoin et Facebook, il ny a pas grand-chose. Il faudrait créer un argus du vélo». Un argument imparable tant aujourd’hui la «seconde main» fait partie des tendances de fond. Autant que le développement d’une économie circulaire et le renforcement de la lutte contre le gaspillage sont devenus des nécessités!

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