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Série – Le Tour de France des Mobilités durables: Rennes : La seconde ligne de métro, une révolution!

par Laurent F.

Quelles sont les offres de nos villes? Pour quels enjeux? Et quels sont leurs projets? Make a Move vous invite à un Tour de France des mobilités durables. Nouvelle étape, Rennes. Matthieu Theurier, Vice-président de Rennes Métropole en charge des Transports et des Mobilités, nous répond.

Quelle est la stratégie de la métropole rennaise?

Matthieu Theurier: «Elle s’articule autour de quatre axes. Nous ne les avons pas hiérarchisés car nous considérons qu’ils sont d’un même niveau stratégique. Et surtout nous souhaitons agir à 360°. Le premier concerne les transports en commun réunis dans notre réseau Star. Avec, tout d’abord, la livraison imminente (entre fin avril et fin mai) d’une seconde ligne de métro. A l’échelle d’une métropole comme la nôtre, c’est une révolution

transports en commun Rennes
© Arnaud Loubry

Pourquoi?

M.T.: «Rennes est la seule métropole européenne de cette taille (480 000 habitants) à disposer d’infrastructures aussi dimensionnantes. A terme, ce seront 65% des transports en commun qui seront effectués par ce biais. Ces deux lignes automatiques vont aussi nous permettre d’effacer plusieurs lignes de bus circulant aujourd’hui dans le cœur de la métropole. Nous les redéploierons au profit des communes de première et de deuxième couronnes dont certaines sont assez éloignées du cœur de la métropole. Leurs habitants disposeront donc de beaucoup plus de bus aux heures creuses comme aux heures de pointe, et même le dimanche. Au total, ce seront un million de kilomètres qui seront redéployés dès l’ouverture de la ligne B. Mais bien évidemment nous pensons déjà à l’après!»

Quels sont vos projets?

M.T.: «Nous travaillons à la création de cinq lignes de trambus. Avec des horizons de livraisons entre 2025 et 2029. Nous œuvrons aussi à l’aménagement de voies dédiées aux bus sur les routes nationales. Pour cela, nous ne créerons pas de nouvelles infrastructures, mais nous utiliserons les bandes d’arrêt d’urgence. La première (qui relie Rennes à Nantes) sera livrée dès cet été. L’idée est de partager ces voies avec le covoiturage. Les huit axes pénétrants qui irriguent la métropole sont d’ores et déjà à l’étude. Les quatre premières seront finalisées en 2024.»

«Notre objectif est de tripler la part modale du vélo sur l’ensemble de la métropole à l’horizon 2030.»

Matthieu Theurier, Vice-président de Rennes Métropole

Quel est le deuxième axe de votre stratégie?

M.T.: «Il concerne les mobilités actives. Le point de départ de leur développement, c’est avant tout la mise en place de plans de circulation et de plans de déplacement qui permettront d’apaiser lespace public. Nous travaillons à des passages en zones 30, à des zones partagées, à des aires piétonnes, à la végétalisation d’espaces… Pour cela, en janvier nous avons adopté un Guide des aménagements des espaces publics: un référentiel commun pour l’ensemble de nos 43 communes.»

Et pour le vélo?

M.T.: «30% de nos investissements de voiries seront consacrés aux infrastructures cyclables. Cela passe par le développement du Réseau Express Vélo, soit 105 kilomètres. Les premiers tronçons seront livrés cette année. Nous disposons aussi d’un réseau «secondaire» qui comptera, à terme, 400 kilomètres. Notre objectif est de tripler la part modale du vélo sur l’ensemble de la métropole à l’horizon 2030. Toujours sur le vélo, nous disposons de toute une série de services. Comme La Maison du Vélo qui, depuis un an et demi, propose des locations de courte ou de longue durée pour tous types de cycles. Depuis la rentrée nous avons lancé une version mobile: la Maison du Vélo se déplace dans les différentes communes et dans les quartiers de Rennes. Et, comme pour les transports en commun nous avons mis en place une tarification solidaire à destination des usagers.»

bus et vélo Rennes
© Arnaud Loubry

Troisième axe, la voiture. Ou plus précisément le covoiturage…

M.T.: «Tout à fait. Pour 100 véhicules circulant aux heures de pointe dans la métropole rennaise, on compte 102 passagers. Il suffirait que le chiffre monte à 110 pour voir disparaître le phénomène de congestion. Nous essayons donc de développer un écosystème favorable au covoiturage. Je parlais tout à l’heure des voies réservées, cela en fait évidemment partie. Dès l’ouverture de la ligne B nous expérimenterons aussi les places réservées dans nos parkings relais. Nous disposons d’un système qui nous permet de fermer les places aux auto-solistes. Nous pourrions très bien faire ce choix. Par exemple, réserver 100% des places au covoiturage aux heures de pointe.

Enfin, depuis un an nous expérimentons également une ligne de covoiturage rémunéré. Star’t est développée par Keolis et Ecov. Pas besoin de réserver à l’avance. Il suffit de s’inscrire  au programme et, dès lors que vous vous trouvez à un arrêt, un conducteur peut vous faire monter dans son véhicule. Là, il est rémunéré un euro par trajet (dans la limite de deux par jour). En fait, la voiture est utilisée ici comme un transport en commun. Bien sûr, nous avons aussi des offres plus «classiques»: Covoit’Star et Ouestgo

Et pour l’autopartage?

M.T.: «Citiz opère chez nous. Avec Yeah pour le free floating.»

autopartage
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«Nous avons une flotte de vélos en libre-service. Mais cest un service quon ne déploie plus trop. Il a ses limites, et surtout il coûte très cher!»

Matthieu Theurier, Vice-président de Rennes Métropole

A propos de free floating, la ville de Rennes a longtemps été réticente à abriter des flottes de vélos et de trottinettes. Qu’en est-il aujourd’hui?

M.T.: «Nous n’avons toujours pas fait ce choix. Mais nous ne sommes pas fermés pour autant. D’autant que nous avons maintenant des garanties de la part des entreprises. Notamment sur le fait qu’on n’en retrouve pas un peu partout sur l’espace public. Cela dit, nous avons déjà une flotte de vélos en libre-service (Star). Mais c’est un service qu’on ne déploie plus trop. Il a ses limites, et surtout il coûte très cher! Nous préférons accentuer les moyens autour de la Maison du Vélo et de la LLD. D’une part nous y avons de très bons résultats. D’autre part l’usager a la possibilité d’acheter son VAE à la fin de son contrat de location, ce qui est forcément très intéressant pour lui. De plus, il peut y trouver aussi des trottinettes.»

vélos en free floating
© Arnaud Loubry

Vous ne nous avez pas parlé du quatrième axe. Quel est-il?

M.T.: «Il concerne l’accompagnement aux changements de comportements. Ce volet n’est pas nouveau chez nous, mais il prend de plus en plus d’ampleur. Tout particulièrement depuis la crise du Covid et ce qu’elle a induit. Pour cela nous avons plusieurs outils. Parmi eux, nous avons lancé il y a un an une expérimentation appelée «Les 2 000». Nous accompagnons par téléphone deux mille personnes résidant sur le territoire. Tous les mois ils doivent choisir des éco-gestes à réaliser pour diminuer leur empreinte environnemental. L’enjeu étant de les amener à des solutions alternatives pour leurs déplacements.»

Pour conclure, Rennes est arrivée troisième des grandes agglomérations les plus cyclables de France dans le dernier Baromètre FUB. Qu’est-ce qu’une telle «distinction» peut apporter?

M.T.: «Cela nous montre que le travail mené porte ses fruits, et c’est évidemment une satisfaction! En deux ans nous avons progressé. Et puis, la participation des citoyens à ce Baromètre permet de bien identifier les points à améliorer. Et donc d’y travailler!»

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