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Présidentielles: Ce que les douze candidats prévoient pour les mobilités

par Laurent F.

Qu’ont prévu les douze candidats à l’élection présidentielle sur la question des mobilités? On a lu leurs programmes. Voici les mesures qu’ils prendraient si, d’aventure, ils étaient élus au soir du 24 avril.

Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière)

A notre connaissance, aucune proposition concernant les mobilités n’a été faite à ce jour par la candidate de Lutte Ouvrière. Sur son site internet, on peut toutefois lire: «Sur toutes les questions écologiques, une politique concertée et planifiée à l’échelle de la planète est nécessaire. Or, le propre du capitalisme est que rien n’est organisé, concerté, anticipé et planifié à l’échelle de la société. C’est le règne de la concurrence et de l’intérêt particulier au détriment de l’intérêt général. » Du coup? «Il est urgent d’enlever aux groupes privés la direction de l’industrie, des transports. Et d’organiser l’économie de façon rationnelle, planifiée, pour répondre aux besoins du plus grand nombre, tout en préservant l’environnement.» Voilà qui donne peut-être quelques pistes…

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France)

«Remplacer les dix millions de véhicules les plus énergivores en dix ans par le biais d’un nouveau bonus-malus favorable aux véhicules électriques et peu polluants». «Accélérer la mise en place de bornes de recharge rapide». « Poursuivre le développement des réseaux de transport en commun en encourageant les intercommunalités à privilégier les transports propres»«Investir dans les véhicules autonomes». Voilà quelques propositions du candidat de Debout la France.

Devenu Président, le député de l’Essonne enterrera aussi le permis à point. Et reviendra au 90 km/h. Il supprimera les ZFE qui «sont en réalité des zones d’exclusion des automobilistes visant à empêcher 70% de nos compatriotes conducteurs d’entrer dans les grandes villes». Outre son souhait de nationaliser les autoroutes, il tient à rendre gratuites celles situées autour de l’Ile-de-France. Son objectif? «Limiter le trafic des poids lourds qui utilisent et saturent le réseau routier francilien pour se rendre dans d’autres régions». Enfin, si NDA est satisfait d’une chose c’est bien du modèle énergétique français qui, dit-il, «nous permet d’avoir un excellent bilan carbone».

ZFE Grand Paris
ZFE Grand Paris

Anne Hidalgo (PS)

On le sait, la Maire de Paris est sensible au sujet. Un intérêt que l’on retrouve bien entendu dans son programme. Pour accélérer la transition vers les V.E., la candidate socialiste prône «un système de leasing social» en partenariat avec les constructeurs et les loueurs. Selon elle, les particuliers doivent pouvoir en louer un «à un coût mensuel inférieur aux frais d’un véhicule à essence». Encore faut-il pouvoir les recharger facilement.

Pour cela, elle prévoit de déployer un million de bornes supplémentaires dans tout le pays, «en priorité dans les zones rurales». Les aides à l’acquisition de véhicules (et au rétrofit) seront renforcées par la création d’un prêt à taux zéro. «Nous investirons massivement dans le ferroviaire en lien avec les régions pour financer le retour des petites lignes, des trains de nuit et du fret ferroviaire», poursuit-elle. Hidalgo préconise aussi la baisse de la TVA sur les billets de train. Ainsi que la création d’une taxe carbone sur les billets d’avion «lorsqu’une alternative ferroviaire comparable existe».

avion AirFrance
© Air France

Yannick Jadot (EELV)

Si la Commission européenne envisage l’interdiction des ventes de véhicules thermiques d’ici 2035, le candidat écologiste la souhaite dès 2030. En y intégrant les hybrides puisqu’elles utilisent, elles aussi, une énergie fossile. Il souhaite le rétrofit d’un million de moteurs thermiques. Et rallongera à 1 000 euros par an le Forfait Mobilités Durables. Il compte également prêter un vélo à tous les 16-25 ans qui le souhaitent, et accélérer ainsi la «vélorution».

Mais pour cela il faudra «changer de modèle en matière d’aménagement du territoire», dit-il. De même, il investira 4 milliards par an dans le ferroviaire. Et ouvrira quinze nouvelles lignes de train de nuit et de nombreuses petites lignes. Dans le même temps, il interdira les lignes aériennes dont l’alternative en train comprend moins de quatre heures de transport. Et plus question d’agrandir ni de créer des aéroports!

train de nuit
Train de nuit

Jean Lassalle (Résistons!)

Le candidat de Résistons! ne mentionne pas le sujet des mobilités dans son programme. Tout juste sait-on qu’il baissera la TVA sur les hydrocarbures de 20% à 5,5%. Et qu’il investira dans les énergies renouvelables en développant l’énergie solaire, géothermique et celle de la mer. D’ailleurs, il souhaite relancer la recherche dans ces secteurs. Et «maîtriser le prix de l’eau et de l’électricité».

Marine Le Pen (RN)

Dans son programme, pas un mot sur les mobilités. Tout de même, la candidate du Rassemblement National envisage de baisser la TVA sur les produits énergétiques. Elle arrêtera tous les projets éoliens, et démantèlera progressivement celles existantes. Les subventions accordées au secteur seront supprimées. Ces mesures seront compensées par la relance de la filière nucléaire et hydroélectrique. Le Pen compte aussi privilégier les investissements dans l’hydrogène. Et sortir du marché européen de l’électricité.

Emmanuel Macron (LREM)

C’est ce 3 mars, vingt-quatre heures avant la date limite légale, que s’est déclaré Emmanuel Macron. Le secret de Polichinelle a donc pris fin: le grand favori des sondages se lance dans la course. Développement de l’hydrogène, relance du nucléaire, aides au développement de la filière électrique… Sans surprise, le programme du candidat LREM se pose dans la continuité des annonces faites ces derniers mois. Tout particulièrement celle du grand plan de relance France 2030 dont on a parlé ici.

coradia iLint
Coradia iLint – ©Alstom

Jean-Luc Mélenchon (LFI)

Développer les usages partagés de la voiture et les mobilités douces, voilà le programme de Jean-Luc Mélenchon en matière de mobilités. Cela s’accompagnera par le développement du transport ferroviaire, et par la nationalisation de la SNCF. De «certains aéroports stratégiques» et des autoroutes aussi. Mélenchon vise une baisse de 65 % des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030. Et promet la publication d’un bilan annuel pour en rendre compte. En parallèle il obligera les entreprises à tenir une comptabilité carbone retraçant toutes leurs émissions. Parmi les autres promesses figure notamment la création d’un service public de la réparation et du réemploi.

Valérie Pécresse (LR)

Sur la mobilité, peu de choses dans le programme de la candidate des Républicains. Tout de même, elle souhaite «remplacer les transports en commun fonctionnant au diesel par des transports propres, comme ce qui a été fait en Ile-de-France». Pour ce faire, elle prône le développement des filières industrielles françaises de production de V.E. Et envisage l’arrêt de la commercialisation des véhicules thermiques neufs à partir de 2035, des hybrides en 2040. Pécresse entend, par ailleurs, abaisser la TVA sur l’électricité de 20% à 5%. Et compte développer «les incitations financières plutôt que les taxes pour décarboner la consommation des ménages». Pour y contribuer, elle créera un Livret vert après avoir fusionné Livret A et Livret Développement Durable.

Philippe Poutou (NPA)

Le candidat du NPA dit peu sur les mobilités. Mais il prône la création de services publics de l’énergie. En clair, EDF, Engie, Veolia ou encore Total seront nationalisées. Poutou instaurera aussi la gratuité pour tous les besoins essentiels. A savoir le logement, les soins, les études, l’alimentaire, mais aussi les transports et l’électricité. Il plaide enfin pour le développement des énergies renouvelables, et l’arrêt pur et simple des industries polluantes.

Fabien Roussel (PCF)

Parmi les mesures phares du candidat communiste figure le permis de conduire gratuit pour les moins de 25 ans afin de «défendre le droit à la mobilité pour tous». Et la gratuité des transports en commun urbains, accompagnée d’un investissement de 50 milliards sur quinze ans. Parallèlement, il prévoit «un investissement massif pour le développement des pistes cyclables et des mobilités douces afin d’arriver à 500 millions d’euros par an, et jusqu’à 1 milliard à terme». Roussel souhaite aussi l’augmentation de laide à à l’achat pour lacquisition d’un V.E. Et le remboursement par les entreprises des abonnements TER de leurs salariés. «Je veux lutter contre la pollution parce que c’est nocif pour la santé. Mais sans taper sur les classes populaires, sans taper sur la classe ouvrière, sur les classes moyennes», explique-t-il.

piste cyclable
© Dominique GUTEKUNST

Éric Zemmour (Reconquête)

Le candidat de Reconquête a lui aussi inscrit dans son programme la volonté de nationaliser les autoroutes. Trop de contraintes pèsent sur les automobilistes, estime ce proche des Gilets Jaunes. En conséquence, il souhaite la suppression du permis à point («un racket organisé par l’Etat», selon lui). Un retour au 90 km/h et aux 50km/h en ville sera également de mise. Et les amendes de stationnement seront plafonnées à 17 euros. Quant aux frais de carburant des salariés, ils seront remboursés par leur entreprise à hauteur de 50%.

Comme Dupont Aignan, Zemmour fera disparaître les ZFE afin que tous les véhicules puissent circuler librement. Et pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, il exigera « la mise en place rapide au niveau européen de la taxe carbone aux frontières ». Une bonne nouvelle pour conclure : il compte « développer l’usage de l’électricité et de l’hydrogène dans les transports en commun.»

Reste donc à décider quel bulletin glisser dans l’urne. Rappelons que le premier tour se déroulera le dimanche 10 avril. Le second, le dimanche 24 avril.

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