Accueil » Mobilité durable » Série – Le Tour de France des mobilités durables:  Sur la Côte d’Azur, l’incitation plutôt que la contrainte
piste cyclable

Série – Le Tour de France des mobilités durables:  Sur la Côte d’Azur, l’incitation plutôt que la contrainte

par Laurent F.

Quelles sont les offres de nos villes? Pour quels enjeux? Et quels sont leurs projets? Make a Move vous invite à un Tour de France des mobilités durables. Nouvelle étape, Nice. Président délégué aux Finances, aux ressources humaines et aux transports métropolitains de la Métropole Nice Côte d’Azur (et, par ailleurs, Président de la régie Ligne d’Azur) Philippe Pradal nous répond.

Quelle place tient le sujet des mobilités durables sur votre territoire? 

Philippe Pradal: «Allier toutes les mobilités est au cœur de l’action que nous menons avec Christian Estrosi depuis 2008. La mise en place de plusieurs lignes de tramway, du service Vélobleu et de bus électriques traduisent notre volonté de contribuer à un monde plus propre. Sur notre territoire, les mobilités représentent 46% des émissions de gaz à effet de serre. Par le biais d’une politique globale de décarbonation (qui passe par la décarbonation à 100% de notre flotte de bus d’ici à 2025), nous visons donc une baisse de 55% des émissions G.E.S à l’horizon 2030.

Le transfert des habitudes de déplacement vers des modes plus doux est notre priorité. Nice, ville verte et bleue de la Méditerranée, souhaite faire de son territoire un exemple en matière de transition écologique. Mais nous privilégions l’incitation plutôt que la contrainte. Et nous n’oublions pas les habitants pour qui la voiture reste un impératif. Nous multiplions donc les parkings relais et les bornes de recharge. Et nous subventionnons l’achat de véhicules électriques.»

Nice Tramway
Tramway ligne 2 @Métropole Nice Côte d’Azur

Nous y reviendrons. Mais, tout d’abord, comment s’articule votre réseau de transports en commun géré par Ligne d’Azur? Et quels sont vos projets?

P.P. : «Notre offre est de plus en plus dense et diversifiée. Son maillage est performant puisqu’il repose sur trois lignes de tramway. Elles seront bientôt au nombre de cinq. L’objectif est alors de connecter avec encore plus de facilité plusieurs grands axes de la métropole. En plus des lignes 4 et 5 qui relieront l’est et l’ouest, nous avons également le projet d’un téléphérique qui reliera Saint-Laurent-du-Var au quartier Nice Méridia. Et, en parallèle de la ligne 1 du tramway, un bus à haut niveau de service reliera les points stratégiques du centre-ville.»

Disposez-vous d’une offre spécifique, côté autopartage ? 

P.P. : «Bien entendu! Dès 2011, nous avons considéré que l’auto-partage était un axe important du développement de l’offre de mobilités de la métropole. Nous avons d’ailleurs été la première collectivité territoriale de France à proposer ce type d’offres à l’échelle de son territoire. Depuis, nous avons développé le label auto-partage reposant sur des véhicules électriques. Preuve de son succès, les deux opérateurs labéllisés (Mobilize Share – anciennement Renault Mobility – et Getaround) comptent aujourd’hui plus de 3000 utilisateurs. Et le service Mobilize Share s’étend sur six communes (Nice, Cagnes-sur-Mer, Saint-Laurent-du-Var, Villefranche-sur-Mer, Beaulieu-sur-Mer et Carros).»

Nice Renault Mobility
@Métropole Nice Côte d’Azur

«Nous avons toujours refusé d’opposer les usages en conciliant les modes de déplacements. C’est pourquoi nous accompagnons tous les habitants de la métropole grâce à plusieurs mesures.»

Philippe Pradal, Président délégué de la Métropole Nice Côte d’Azur

Vous avez opté pour l’octroi de nombreuses autres aides. Pour mieux convaincre?

P.P. : «Absolument! En toutes circonstances, nous avons préféré l’écologie positive à l’écologie punitive. Et nous avons toujours refusé d’opposer les usages en conciliant les modes de déplacements. C’est pourquoi nous accompagnons tous les habitants de la métropole grâce à plusieurs mesures:

  • Une subvention de 300 euros pour faciliter la conversion vers le bioéthanol, cumulable avec une subvention de la région de 500 euros
  • Une aide de 20 euros par actif n’ayant pas une offre de tramway à proximité de son domicile
  • Une subvention jusqu’à 5000 euros pour l’acquisition d’un véhicule électrique, cumulable avec une prime à la conversion de 1000 euros pour la mise au rebut des véhicules thermiques Crit’air 4 et 5
  • Une subvention de 300 euros pour l’implantation de bornes de recharge à son domicile, pour les copropriétaires
  • Une aide de 400 euros pour un VAE ou un scooter électrique
  • Une subvention de 100 euros pour un vélo à propulsion humaine
  • Une subvention de 200 euros pour un vélo adapté (PMR), qu’il soit mécanique ou VAE
  • Une aide au covoiturage jusqu’à 200 euros par mois pour les trajets au départ ou à l’arrivée sur le territoire

Au total, depuis 2011 la Métropole a investi 3 536 519 euros en accompagnant plus de 10 800 personnes avec l’ensemble de ces aides.»

«La métropole va créer un nouveau schéma directeur. toute construction nouvelle devra intégrer des bornes sur 80% des places de stationnement.»

Philippe Pradal, Président délégué de la Métropole Nice Côte d’Azur,
Nice Bus
Bus électrique @Métropole Nice Côte d’Azur

Parlons bornes de recharge électrique. Qu’est-ce que «Prise de Nice» ? 

P.P. : «Un réseau de bornes de recharge électrique disponible 7J/7 et 24H/24 avec trois types de recharges: standard (entre 3 et 7 kw), accélérée (entre 11 et 22 kw), et rapide (40 kw et plus). Pour les charges normales et accélérées, les deux premières heures sont gratuites. Ensuite, elles passent respectivement à 1 euro/heure et 2 euros/heure. La recharge rapide, elle, est à 2 euros le quart d’heure pour les trois premiers quarts d’heure. Quant aux professionnels, ils bénéficient d’une réduction de 50%. Les tarifs sont donc très attractifs. Et le succès est au rendez-vous puisqu’en 2021, le réseau a enregistré près de 750 000 kwh délivrés. Ce qui correspond à plus de 113 000 sessions de recharge. Et 525 tonnes de Co² épargnées.»

Et quels sont vos projets désormais?

P.P. : «Nous souhaitons densifier le maillage sur le territoire, particulièrement dans le moyen et le haut pays. L’objectif est d’offrir un service homogène et accessible au plus grand nombre en atteignant 600 points de charge en 2025. La transition ne pouvant être à la simple charge des acteurs publics, la métropole va créer un nouveau schéma directeur. Dans cette optique, toute construction nouvelle devra intégrer des bornes de recharge électrique sur 80% des places de stationnement.»

Christian Estrosi à vélo
Christian Estrosi, Maire de Nice et Président de la Métropole sur un e-velobleu @Métropole Nice Côte d’Azur

Nice est aussi un grand territoire de vélo…

P.P. : «Oui. Aménager notre territoire pour développer la pratique du vélo était l’un de nos engagements. Depuis 2008, le linéaire de pistes cyclables a doublé pour atteindre 179 kilomètres. Nous avons prévu 160 kilomètres supplémentaires d’ici 2026. Cette politique va de pair avec la multiplication des offres de stationnement dans les lieux stratégiques. De plus, depuis septembre 2021, nous avons déployé 450 nouveaux e-Vélobleu afin d’améliorer notre flotte de vélos électriques. Ces vélos ont une meilleure autonomie et sont plus résistants. Ils viennent en complément de nos 1300 vélobleus. De plus, nous avons élargi l’offre avec des tricycles installés à proximité des handiplages, sur la Promenade des Anglais. Toutes ces mesures représentent un investissement de 20 millions d’euros. Cela nous permettra d’atteindre 10% de part modale en 2026

Vous faites partie des villes refusant les flottes de trottinettes. Pourquoi ce choix?

P.P. : «Cela irait à l’encontre de la politique d’apaisement de la cité voulue par Christian Estrosi. La volonté est en effet de favoriser un cadre de vie serein. Néanmoins, tous les dispositifs de free-floating ne font pas l’objet de refus catégoriques. Le lancement de cette nouvelle gamme d’e-Vélobleu (gérés en interne afin de contrôler l’ensemble du circuit logistique) en est l’exemple.»

La métropole Nice Côte d’Azur se veut être aussi un territoire d’expérimentation des nouvelles technologies. Comment cela se traduit-il pour les mobilités durables? 

P.P. : «Nous sommes effectivement dans une démarche volontariste et visionnaire. Depuis 2010, celle-ci est notamment visible sur le service sur mobile. Deux innovations majeures sont aujourd’hui à l’étude. Le lancement d’un service de rechargement des cartes via mobile et un compte mobilité qui regroupera, à terme, l’ensemble des solutions sur une plateforme de services unifiée.

Nous allons développer aussi un projet d’envergure en partenariat avec l’Institut Méditerranéen du Risque, de l’Environnement et du Développement Durable (IMREDD). Il s’agira d’une navette 100% électrique en circulation dans la zone industrielle de Carros-Le Broc. Dès sa mise en œuvre, le projet REVA 2 va rendre possible le déploiement de véhicules autonomes électriques à la demande. Six véhicules seront expérimentés pendant trois mois à Cagnes-sur-Mer puis à Nice. Ils compléteront l’offre de transport à la demande via une application mobile.»

Articles connexes